Le
week-end du 19-20 mars s'est tenue une conférence nationale avec la
présence de 152 délégués qui suite aux débats pendant les 2
jours, a voté à 95 % la déclaration ci-dessous qui acte la
candidature de Philippe Poutou pour le NPA à la présidentielle.
DÉCLARATION
DE LA CONFÉRENCE NATIONALE
La
prochaine élection présidentielle sera une caricature de démocratie
dans une période marquée par le renforcement des pouvoirs de
l'exécutif et le développement d'un état d'exception permanent,
policier et liberticide.
Mais
le contexte dans lequel s’est tenue la conférence nationale du NPA
les 19 et 20 mars 2016 est également dominé par la montée de la
contestation sociale et politique contre la loi El Khomri.
Cette
attaque sans précédent contre les droits et les acquis des
travailleuses et des travailleurs s’inscrit dans l’offensive
menée par les gouvernements PS-Medef, soumis aux banques et au
patronat.
Régression
sociale, chômage et précarité, état d’urgence, déchéance de
la nationalité, remise en cause du code du travail, casse de la
SNCF, politique réactionnaire contre les migrants, grands projets
inutiles et anti-écologiques, poursuite des guerres néocoloniales,
négociation du Tafta, abandon des services publics, les attaques
mises en place par Hollande et Valls vont bien au-delà de ce que la
droite avait pu tenter jusqu’alors en termes de régression sociale
et démocratique, de banalisation des politiques racistes, en
particulier islamophobes, et sécuritaires.
Le
chômage n’a pas reculé, la pauvreté s’est développée, et les
inégalités n’ont cessé d’augmenter. L’état d’urgence a
servi de point d’appui pour accentuer la présence policière dans
les quartiers populaires avec des milliers de perquisitions.
Dans
le même temps, la répression contre des syndicalistes, contre
celles et ceux qui luttent, à Air France, Goodyear, à La Poste,
contre les militantEs écologistes, contre les étudiantEs et
lycéens, voudrait étouffer les résistances qui sont multiples à
travers tout le pays.
La
droite est en difficulté car ce gouvernement, qui se prétend de
gauche, a mené une politique plus à droite que ce que Les
Républicains osaient imaginer.
Le
Front national est à l’affût, et pourrait récolter les fruits de
la situation et du désespoir dans les classes populaires. Après
cinq ans de gauche au gouvernement, il veut faire croire qu’il est
le mieux à même de les représenter, alors qu’en réalité, il
divise les exploitéEs. Il attaque les plus opprimés que sont les
immigréEs.
Il
représente le pire ennemi
des
travailleuses et travailleurs.
«
Trop, c’est trop ! ».
Petit
à petit, la colère s’est accumulée : à Notre-Dame-des-Landes et
à Sivens, à la SNCF, dans les luttes des migrantEs et contre l’état
d’urgence…
La
loi El Khomri a fait déborder le vase. La mobilisation pour son
retrait pourrait être le début d’une contre-offensive des
exploitéEs contre l’ensemble de la politique du gouvernement. Les
jeunes et les travailleurEs ont bousculé le calendrier des
confédérations syndicales.
Alors
que l’heure est à préparer les suites du 31 mars et à la
construction d’un mouvement d’ensemble, et alors que la CFDT
apporte son soutien au gouvernement, les directions confédérales
qui demandent le retrait du projet de loi tergiversent.
Pour
dépasser ces blocages, le mouvement doit s’appuyer sur les équipes
syndicales combatives et développer les structures
d’auto-organisation pour préparer une mobilisation d’ensemble,
vers une grève générale qui balaie ceux qui nous exploitent depuis
trop longtemps.
Le
NPA engage toutes ses forces pour que la jeunesse, les salariéEs,
mais aussi les sans-emploi reprennent confiance, relèvent la tête,
et défendent leurs intérêts contre le gouvernement et le patronat.
Le
NPA exige la levée de l'état d'urgence et de toutes les mesures
et lois restreignant les libertés, ainsi que la fin de la chasse aux
migrantEs.
Le
NPA soutient et participe aux initiatives visant à empêcher
l’implantation du FN dans les quartiers, dans les villes et dans
les entreprises.
Dans
cette situation, un fossé toujours plus grand se creuse entre la
colère sociale d’un côté et les partis au pouvoir et les
institutions de l’autre.
Les
débuts de la campagne présidentielle montrent une fois de plus
cette caricature : Le Pen, Sarkozy, Hollande remettent le couvert,
tandis que les Verts ou les « frondeurs » abandonnent le
navire Hollande après avoir ramé pour lui pendant plusieurs années.
Mais
cette colère sociale
n'a
pas d'expression politique audible, visible.
Toutes
celles et ceux qui s'affrontent aux choix politiques faits dans le
seul intérêt des capitalistes doivent pouvoir faire entendre la
voix et les besoins vitaux des classes populaires, des exploitéEs et
des oppriméEs, de toutes celles et ceux qui n’ont que leur force
de travail pour vivre.
Nous
avons besoin d’un parti indépendant qui soit aussi fidèle à
leurs intérêts que le gouvernement l'est au Medef, qui se bat pour
l’unité du monde du travail et de ses organisations contre le
patronat et l’État.
Un
parti qui tire le bilan des échecs de ceux qui, en Europe, ont
prétendu lutter contre l'austérité capitaliste sans s'affronter et
en finir avec les institutions des classes dirigeantes.
Il
est nécessaire d’œuvrer à la construction de ce parti capable de
résister aux attaques immédiates tout en défendant une perspective
pour la transformation révolutionnaire de la société, pour en
finir avec le capitalisme.
Cette
démarche doit s’appuyer sur les luttes existantes. Elle implique
de débattre de cet objectif avec les oppriméEs et les exploitéEs
engagés dans les luttes contre l’austérité, contre le racisme,
contre les violences policières, contre l'impérialisme et les
guerres qu'il engendre, pour les libertés et les droits
démocratiques, pour la justice climatique...
Nombre
de ces luttes portent en outre en germe un autre monde en
expérimentant d'autres façons de vivre, de produire et de décider
démocratiquement, en faisant vivre la solidarité contre la
concurrence, en contestant radicalement le système. C’est un enjeu
de la campagne que nous voulons mener.
En
décidant de présenter Philippe Poutou à l’élection
présidentielle, le NPA veut permettre au mécontentement, à la
révolte, aux résistances de s’exprimer sur le terrain politique,
y compris électoral. Le monde du travail doit reprendre confiance en
lui.
Nous
voulons porter la voix d’une opposition ferme à la politique du
gouvernement, mais aussi contre ce système d’exploitation et de
misère qui engendre les guerres et la destruction de la planète,
une opposition des travailleurEs, des classes populaires, des
oppriméEs, de toutes celles et ceux qui n’ont que leur force de
travail pour vivre.
Nous
voulons profiter de la campagne pour renforcer les luttes, les faire
converger et développer l’auto-organisation.
Dans
toute l’Europe, dans les pays arabes, y compris aux USA avec Occupy
Wall Street, des voix se sont déjà élevées contre les politiques
d’austérité, contre la dette, contre les politiques au service du
grand patronat et des banques.
En
Grèce, la capitulation et la faillite du gouvernement Tsipras
attestent de l’échec de la gauche antilibérale et de sa
politique.
En
France, les députés du Front de gauche ont voté en faveur de
l’état d’urgence, renforçant la légitimité des politiques
sécuritaires de Hollande, et ses élus participent à des majorités
de gestion avec le Parti socialiste dans les exécutifs locaux et
régionaux, acceptant de cogérer l’austérité.
Cela
démontre cruellement que la lutte pour en finir avec l’austérité
implique la rupture avec les institutions de la bourgeoisie, tant à
l’échelle nationale qu’européenne.
-
Pour changer les choses, il faut donc imposer la réquisition des
banques pour créer un monopole public bancaire, l’annulation de la
dette, l’interdiction des licenciements, une augmentation générale
des salaires, l’expropriation des grands groupes capitalistes.
-
Le droit à l’emploi, à un statut et à un salaire correct, c’est
possible !
On
peut, par la réduction du temps de travail, imposer des créations
massives d’emplois dans tous les secteurs décimés par les plans
patronaux. On doit également créer les emplois indispensables aux
besoins fondamentaux (santé, éducation, prise en charge de la
petite enfance et de la dépendance…) et les emplois nécessaires à
la reconversion écologique.
Il
faut revenir sur toute la casse des droits sociaux, introduite
notamment par les lois Macron et Rebsamen.
-
Nous demandons l’arrêt de l’état d’urgence et de la
répression policière, la fin de l’utilisation des fichiers STIC,
la destruction des fichiers S, qui visent en premier lieu les
habitantEs des quartiers populaires et les militantEs. Nous exigeons
également le désarmement de la police, l’arrêt des contrôles au
faciès, la fermeture des centres de rétention et la fin de la
ségrégation spatiale, scolaire et médicale, l’ouverture des
frontières, l’accueil des migrantEs, la liberté de circulation et
d’installation, la régularisation de tous les sans-papiers, le
droit de vote de tous les résidentEs à toutes les élections.
-
Face à l’imminence de la catastrophe écologique dont les
multinationales et les États sont responsables, il faut rompre avec
le productivisme et la logique de rentabilité. Il faut organiser le
contrôle des travailleurEs et de la population sur la production
dans la perspective de sa planification démocratique, décentralisée,
en fonction des seuls besoins sociaux et dans le respect des
contraintes écologiques. Il faut arrêter les productions inutiles
et les projets destructeurs comme l’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes, sauver le climat en sortant des énergies
fossiles et du nucléaire. Il faut développer des transports
collectifs, publics et gratuits, garantir le droit à un
environnement non pollué, permettre l’accès à une alimentation
saine basée sur une agriculture biologique et paysanne.
-
La montée des extrêmes droites s’est largement appuyée, en plus
de son terrain de prédilection qu’est le racisme, sur les
mobilisations sexistes et homophobes. Plus généralement, la lutte
pour l’égalité réelle exige de mener une véritable politique
féministe. Nous revendiquons le droit à la PMA pour toutes,
l’égalité réelle des salaires, l’accès aux services publics,
notamment l’accès à l’IVG, et la mise en place d’une
éducation féministe. Nous défendons l’égalité entre toutes et
tous, quels que soient son origine géographique, son genre ou sa
sexualité, tout en poussant à la convergence des luttes féministes,
LGBTi, antiracistes et anticapitalistes.
Un
bulletin de vote ne changera pas la vie. Un véritable changement de
société ne pourra venir que de grandes mobilisations sociales,
lorsque les exploitéEs auront pris leurs affaires en main et auront
imposé leur propre gouvernement pour construire une autre société,
débarrassée de toute forme d’exploitation et d’oppression. Mais
cette élection peut être un moyen d’exprimer son ras-le-bol, sa
volonté de changer les choses.
C’est
ce que nous voulons exprimer dans cette campagne, avec toutes celles
et tous ceux qui partagent ces préoccupations en rupture totale avec
une échéance électorale entièrement centrée sur « l'homme
providentiel » imposée par des institutions foncièrement
antidémocratiques. Le problème n'est pas de changer de personnel,
mais d’en finir avec ces institutions, dé-professionnaliser la
politique, interdire le cumul des mandats, organiser leur rotation,
plafonner la rémunération des élus, établir la proportionnelle
intégrale, et organiser leur révocabilité lorsqu'ils ne respectent
pas leur mandat.
Notre
campagne portée, avec notre camarade Philippe Poutou, par un
collectif de porte-parole, Olivier Besancenot, Christine Poupin et
Armelle Pertus, sera collective, en rupture avec la personnalisation
qu’impose la logique présidentielle.
Nous
savons que la bataille politique dans laquelle nous nous engageons ne
sera pas facile. Le Parti socialiste craint de ne pas être présent
au second tour et durcit la loi électorale pour empêcher les
candidats qui le contestent, à gauche, de se présenter.
Nous
appelons les maires à accorder leur parrainage administratif à
notre candidat.
Le
NPA dans les médias :
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LIBÉRATION :
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