Communiqué
du NPA du 28 mai 2020
Sur
la base du recul de l’épidémie, Édouard Philippe accélère le
déconfinement, mais de nombreuses zones de flou perdurent, et des
attaques se profilent contre les classes populaires.
L’intervention
du Premier ministre a été un véritable numéro d’auto-satisfecit
de la part du pouvoir. Les indicateurs du recul de la pandémie
seraient bons, meilleurs que ce qui était attendu à ce qu’il
paraît.
Et
qu’importe que,
pour
faire cette belle démonstration,
Philippe,
Véran et Blanquer tordent le cou à la réalité…
Près
de 29 000 morts depuis le début de cette catastrophe sanitaire,
des morts sans aucun doute dus au retard à l’allumage des mêmes
qui aujourd’hui font les fiers…
La
politique sanitaire de dépistage porterait donc ses fruits, et le
Premier ministre de saluer au passage les personnels soignants.
Mais
ce discours est plein de contradictions : les
restrictions de libertés (bars, fêtes, grands rassemblements
limités à 5000 personnes, port du masque…) témoignent d’un
danger toujours présent… que le gouvernement est pourtant prêt à
faire courir à celles et ceux qui travaillent.
Si
le risque est nul, pourquoi ne pas tout rouvrir ?
Et
s’il est important, pourquoi autoriser 15 élèves par classe,
pourquoi autoriser à travailler dans les secteurs non essentiels ?
Confinement
puis déconfinement montrent la logique du gouvernement : ne pas
dépenser pour la santé, ne pas fournir les tests et masques
nécessaires à la vie, mais forcer le travail à reprendre.
Entre
nos vies et les profits, il faut choisir !
Le
plus incroyable est aussi que le gouvernement n’a même pas parlé
des revendications des personnels de la santé, pour des embauches et
des augmentations de salaires, alors qu’ils et elles se sont encore
mobilisés aujourd’hui, avec de nouveaux rassemblements aux portes
des hôpitaux.
Le
jour de la publication des chiffres du chômage (22 %
d’augmentation, soit 1 million de personnes), le gouvernement n’a
pas annoncé non plus les mesures nécessaires pour défendre
l’emploi : le maintien de toutes les prestations sociales,
l’interdiction des licenciements et suppressions de postes, en
particulier les fins de CDD ou de mission pour les précaires.
Il
se moque manifestement que des millions de personnes se trouvent en
grande difficulté sociale.
Au
contraire, avec le bac de français changé en contrôle continu, il
avalise la tendance générale à la dérégulation dans l’éducation,
au lieu d’accorder les examens à tous les postulant.e.s.
Cette
dérégulation, c’est le développement de l’enseignement à
distance, voire privé, quels que soient les niveaux, et les
contrôles continus très variables suivant les établissements au
lieu des examens nationaux et anonymes.
Le
signal du pouvoir est clairement donné : « la vie »
doit reprendre, elle peut donc reprendre, même partiellement.
Et
très vite, il serait possible de tout faire… sauf de manifester !
Philippe
a beau répéter que le danger de transmission du Covid-19 se situe
principalement dans le cadre d’espaces confinés, il fait preuve
d’une grande hypocrisie en autorisant les rassemblements festifs
jusqu’à 5000 personnes, mais en interdisant les rassemblements de
plus de 10 personnes dans l’espace public !
Ainsi,
les marches des solidarités en faveur de la régularisation des
sans-papiers, qui doivent avoir lieu ce samedi 30 mai, ont été
interdites dans plusieurs villes, dont Paris.
Difficile
donc de ne pas voir ici la volonté d’empêcher au moins jusqu’à
cet été la possibilité de se rassembler, de manifester, de faire
entendre nos droits.
L’heure
est pourtant au retour des mobilisations : ce samedi aux marches
des solidarités, y compris à Paris, et le mardi 16 juin, tou.t.e.s
ensemble à l’initiative du secteur de la santé, en grève contre
ce gouvernement qui nie une crise sociale profonde qui s’accélère.