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pages du NPA, sur la loi travail : ICI
Depuis
2012, les attaques contre les droits des travailleurs se sont
accélérées. Plusieurs lois et décrets ont généralisé le
travail le dimanche, facilité les licenciements économiques, réduit
le nombre et les moyens des représentants du personnel, affaibli la
justice prud’homale, supprimé des postes à l’inspection du
travail.
Applaudi
par le Medef,
le
Gouvernement ne compte pas
arrêter
le rouleau compresseur des réformes
en
si bon chemin.
Leur
objectif : En finir avec le principe
de
faveur et la hiérarchie des normes
C’est
sur ce principe simple que s’est construit le droit du travail : le
code fixe le socle minimum de droits accordés
à
tous les salariés et les conventions collectives de branche puis les
accords d’entreprise ne peuvent que l’améliorer.
L’objectif
de ce gouvernement au service des patrons, c’est de donner toujours
plus de place aux accords d’entreprise, là où le rapport de force
est le plus défavorable et où l’employeur peut faire marcher à
plein régime le chantage à l’emploi. Comme chez Smart où les
salarié-e-s vont travailler 39h payées 37 en échange de vagues
promesses sur le maintien de l’emploi.
Dans
le nouveau code du travail prévu pour 2018, la règle fixée par
accord prévaudra, même si elle est moins avantageuse pour les
salarié-e-s !
Tout
le code sera réorganisé en trois catégories de dispositions :
*celles
dites d’ordre public (réduites au minimum, par exemple
l’existence d’un salaire minimum),
*puis
celles définies par négociation
*et
enfin, en l’absence d’accord, les dispositions dites
supplétives.
Badinter
:
peine
capitaliste pour
le
code du travail
La
première étape du plan de bataille de Valls s’est achevée par la
remise du rapport Badinter. Tous les grands principes du droit du
travail ont été résumés en 61 articles qui figureront en
préambule du nouveau code.
L’objectif
était de préparer les esprits à des reculs sans précédent et de
vider de leur substance des définitions jusque-là précises par des
notions floues et abstraites : par exemple, le « bon
fonctionnement de l’entreprise » qui pourrait justifier des
limitations de droits et de libertés pour les salarié-e-s.
Dès
aujourd’hui : la loi El
Khomri
crée un code sur
mesure
pour les patrons…
Sans
attendre 2018, le gouvernement passe aux travaux pratiques avec le
projet de loi El Khomri. Il réécrit d’ores et
déjà entièrement la réglementation sur le temps de travail et les
congés payés suivant la nouvelle logique donnant la priorité aux
accords sur la loi.
Les
conditions de validité des accords sont modifiées : des syndicats
minoritaires pourraient demander à ce que le projet proposé par le
patron soit approuvé par référendum.
Les
résistances actuelles, comme à la FNAC où les syndicats refusent
de signer un accord sur le travail du dimanche, pourraient être
contournées en faisant pression sur chaque salarié.
La
ministre se défend de tout recul
pour
les travailleurs-euses, mais c’est faux !
Elle
donne encore plus de flexibilité pour les patrons et de nouveaux
coups de canifs dans les 35 heures. Par exemple sur le paiement des
heures supplémentaires : il sera possible par accord d’entreprise
d’organiser le travail jusqu’à 3 ans sans les payer et de
réduire leur majoration à 10% contre 25% actuellement. Dans les
petites entreprises elles pourront être payées toutes les 9
semaines sur simple décision du patron !
Ou
encore sur la durée maximale de travail : avec un accord
d’entreprise on pourra travailler 46 heures sur 16 semaines (contre
12 aujourd’hui) avec des pointes à 60 heures par semaine.
Le
projet de loi facilite encore les licenciements économiques : une
baisse des commandes pourra suffire ! Il modifie les conséquences
des accords dit de « maintien d’emploi » afin que les
salariés qui refusent de travailler plus ou de voir leur salaire
baisser soient licenciés pour motif personnel, sans obligation pour
le patron de faire un plan social.
El
Khomri et Valls ont reculé sur le plafonnement des indemnités
versées par les prud’hommes - le barème sera « indicatif »
- et sur d’autres mesures annexes pour s’assurer le soutien de la
CFDT comme de leur propre majorité, et tenter de sauver l’essentiel
de leur projet.
…
et
invente le compte personnel d’activité
La
loi El Khomri créé un nouveau dispositif : le compte
personnel d’activité (CPA), qui réunira les comptes
formation et pénibilité - et pourrait inclure dans le futur les
droits à l’assurance-chômage, à l’assurance maladie, à la
retraite.
L’objectif
annoncé, sous prétexte de « sécuriser » les parcours
professionnels, est d’attacher les droits, non plus au poste de
travail et au statut donné par les conventions collectives, mais à
la personne, de manière à les rendre « portables » tout au
long de la vie.
Le
problème est que le CPA, en permettant à chacun de capitaliser des
points transférables sous certaines conditions, fait peser sur
chaque travailleur la responsabilité de son « employabilité ».
Cette
logique d’individualisation des droits remet en cause les garanties
collectives existantes aujourd’hui et pourra servir au
démantèlement de la protection sociale par répartition.
Diviser
pour mieux régner
Ce
qui est sûr c’est que ces réformes vont rendre plus difficile la
compréhension du droit du travail pour les salarié-e-s et créer
des différences importantes entre entreprises en fonction des
accords signés.
Ce
code au rabais c’est surtout la garantie donnée aux patrons de
faire leur loi sans trop de résistance.
C’est
cette logique qu’il faut combattre !
REPOS
DOMINICAL :
QU'EN
RESTE-T-IL ?
Avant
même la loi Macron du 6 août 2015, 6 millions de salarié-e-s
travaillaient occasionnellement ou habituellement le dimanche, dont
la moitié pour la deuxième option.
En
20 ans, de 1990 à 2010, la part des salarié-e-s occupés
le
dimanche est passée de 20 à 30 %. Bref, on peut dire que le travail
le dimanche est en train de devenir la norme, grâce aux dérogations
permanentes de droit.
Une
longue liste prévue par le code du travail autorise tout un tas de
secteurs très divers à faire travailler leurs salarié-e-s le
dimanche et ceci sans accord ni contrepartie obligatoires. Cela
concerne des activités socialement utiles (hôpitaux, transports
collectifs) mais aussi tout un tas d’activités non indispensables,
en fonction des lobbys (ex : le bricolage, l’ameublement).
Si
la loi Macron n’a pas abrogé le principe du repos dominical, les
nouvelles possibilités de dérogation, qui s’ajoutent à celles
déjà existantes, en limitent encore considérablement la portée
effective, principalement dans
le
secteur du commerce :
• La
loi permet désormais aux maires (le préfet de police à Paris)
d’accorder le droit aux commerces de faire travailler
les
salarié-e-s 12 dimanches par an, au lieu de 5 auparavant, soit près
d’un dimanche sur quatre ! Les compensations sont les mêmes
qu’auparavant, rémunération double et repos compensateur
équivalent.
• Les
gares : les commerces situés dans l’emprise d’une gare
considérée d’affluence exceptionnelle pourront ouvrir tous les
dimanches après arrêté ministériel et négociation d’un accord
collectif.
• Les
nouvelles dérogations fondées sur un critère géographique : les
ZC (zones commerciales, ex-PUCE), les
ZT
(zones touristiques) et les nouvelles ZTI (zones touristiques
internationales) : les établissements de vente au détail situés
dans ces zones géographiques, délimitées par le préfet ou le
ministre, n’ont plus à solliciter de dérogation, dès lors qu’ils
auront satisfait à certaines conditions prévues par décret et
pourront faire travailler des
salarié-e-s
tous les dimanches ( et même jusqu’à minuit dans les ZTI).
Depuis
la loi, 21 ZTI ont été créées dont 12 à Paris, dont le périmètre
englobe tous les centres commerciaux, même ceux qui voient rarement
des touristes étrangers et, par un « heureux hasard »
toutes les FNAC.
Une
façon de légaliser l’amendement dit « Fnac » retoqué
par le Parlement lors de l’examen de la loi et surtout de favoriser
les grandes enseignes.
Cependant,
dans les gares ou les ZC, ZT et ZTI, les employeurs ne pourront
employer des salarié-es qu’après avoir négocié un accord
collectif qui devra déterminer un certain nombre de mesures, dont
les contreparties accordées (aucune mesure minimale n’est
déterminée par la loi).
Dans
les petites entreprises de moins de 11 salarié- e-s, il sera
possible d’ouvrir tous les dimanches après simple décision de
l’employeur validée par référendum.
Le
volontariat est dans ce cas
un
concept bien abstrait…
SIMPLIFIER…
LA
VIE DES PATRONS
Le
patronat et le gouvernement accusent le code du travail d’être
obèse et complexe : il faudrait le simplifier pour créer des
emplois.
Pourtant,
le code du travail n’est pas lourd : à édition égale, il « pèse
» 0,8 kg contre 1,5 kg pour le code du commerce et 1,1 kg pour le
code des sociétés qu’il n’est pas question de réformer !
Le
patronat dit que c’est déjà beaucoup - plus qu’en Suisse ou en
Allemagne où le code du travail se résume à quelques feuilles.
Mais dans ces pays, le droit du travail repose sur les accords de
branche et les décisions des tribunaux : ces différences de source
du droit ne sont pas en soi un gage de simplicité.
Avec
un code du travail, chaque salarié-e est au moins assuré/e de
pouvoir trouver la règle qui s’applique quelle que soit
l’entreprise où l’on travaille.
En
réalité, le principal ennemi de la simplicité est…le patronat
lui-même qui exige et obtient des dérogations à des règles
souvent très claires.
Par
exemple, à côté d’un article qui énonce que le repos
hebdomadaire doit être donné le dimanche, il en existe 59 qui
permettent au patronat de déroger à cette obligation.
Le
très libéral Fonds monétaire international (FMI) dit lui-même
qu’il n’y pas de lien statistique entre la réglementation du
travail et l’emploi. Le problème est ailleurs : le code du travail
ce n’est pas qu’un nombre de pages, c’est aussi des protections
pour les travailleurs et des droits pour qu’ils se défendent au
quotidien.
C’est
surtout cela que le patronat veut liquider.
FN
ET CODE DU TRAVAIL :
L'IMPOSTURE
Marine
Le Pen se dit opposée à toute réforme du code du travail et des 35
heures qui se ferait au détriment des salarié-e-s.
Est-ce
vraiment le cas ?
Dans
sa communiqué sur la loi El Khomri, le FN condamne la loi comme
porteuse de «lourdes régressions sociales» mais regrette
aussitôt que les TPE et les PME ne puissent pas elles aussi
«appliquer cette dérégulation du code du travail»!
En
septembre 2015, le parti de Marine Le Pen réclamait aussi la
«simplification» du code, ainsi que la définition de la
durée du travail au niveau de chaque entreprise.
Pendant
les débats parlementaires sur la loi Macron, en 2015, les élu/es FN
ont déposé des amendements contre l’extension du travail du
dimanche et en soirée, mais les ont retirés.
La
préoccupation était surtout de protéger les petits commerçants
contre les grandes enseignes : la fédération de Paris du FN se
prononce en faveur de l’ouverture des petits commerces le dimanche,
sans compensation pour les salarié- e-s.
Sur
le reste de la loi Macron, qui facilite les licenciements économiques
et réforme les prud’hommes et l’inspection du travail, les
élu-e-s FN n’ont rien trouvé à dire. Ce qui pose surtout
problème au FN, ce sont les droits des salarié- e-s à se défendre
notamment par les syndicats, les représentant/
es
du personnel et la grève.
Pendant
l’examen de la loi sur le « dialogue social » en 2015, les
élu/es FN ont dénoncé « l’infiltration » des syndicats
dans les entreprises qui s’ajouterait aux pressions économiques et
administrative, et le FN promet une
réforme
en faveur du dialogue direct entre patrons et salarié-e-s.
Mieux
soumettre les salarié-e-s au pouvoir patronal :
voilà
le vrai programme du FN.
DÉFENDRE
NOS DROITS
FACE
AU ROULEAU COMPRESSEUR
Ces
attaques concertées et convergentes peuvent paraître irrésistibles,
et pourtant la résistance est partout possible, et il n’est pas
dit que les salarié-e-s se laisseront plumer leurs droits sans
réagir. En réalité, de multiples cadres unitaires se mettent en
place, où il est possible de s’organiser, de lutter.
Dans
le commerce parisien, l’intersyndicale du CLIC-P mène une guérilla
juridique acharnée contre l’application de la loi Macron. Tous les
décrets et arrêtés – qui définissent les Zones Touristiques
Internationales, les dérogations au travail de nuit ou les emprises
ferroviaires – sont contestés devant les tribunaux, pendant que
l’intersyndicale mobilise ses troupes pour faire pression dans les
rues.
De
fait, dans ce secteur comme dans d’autres, où le rapport de force
est encore déterminant, les négociations se retournent parfois
contre le patronat.
À
la FNAC, les 3 syndicats majoritaires (CGT, FO et SUD) ont fait
valoir leur droit d’opposition à l’accord signé par la CFDT, la
CFTC et la CGC.
Au
BHV, un accord du même type n’a pas obtenu la majorité parmi les
syndicats, malgré la pression de la direction et son referendum
bidon.
Contre
la casse du code du travail, un collectif « CQFD » (le code
qu’il faut défendre) regroupe syndicats, associations, partis
politiques et fait campagne pour davantage de droits pour les
salarié-e-s et leurs représentants, un droit plus accessible et
plus effectif, avec des sanctions réelles contre les patrons
délinquants et davantage d’inspecteurs et d’inspectrices du
travail pour les faire appliquer.
Il
est secondé dans cette lutte par le collectif « Ne plus perdre
sa vie à la gagner » qui se penche plus précisément sur les
questions de santé et de sécurité au travail, de défense des
CHSCT et de la médecine du travail, également mis à mal par ces
contre-réformes. Il a organisé en mars les « États Généraux
de la Santé au Travail », pour lesquels il a invité largement
autour de lui.
Ces
combats unitaires et intersyndicaux nous rappellent que tous les
travailleurs, du public comme du privé, sont visés par ces
attaques.
Ils
rappellent aussi que pour y répondre, nous devons nous regrouper et
nous mobiliser, faire converger nos colères et réaffirmer aussi
notre soutien à tous ceux qui se sont battus contre le pouvoir sans
limite des actionnaires et qui subissent aujourd’hui la répression,
comme chez Air France, Ford, à l’inspection du travail ou bien
chez les Goodyear, pour la défense desquels, là encore, des
collectifs locaux se mettent en place.
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