COMMUNIQUÉ
DU NPA DU 11 AVRIL 2016
Cela
ne fait plus mystère pour personne : le gouvernement est en
très mauvaise posture. Le mouvement de la jeunesse et des
travailleurs/ses contre la loi El Khomri permet à des centaines de
milliers de personnes d’exprimer une colère accumulée depuis
2012, contre un pouvoir politique qui ne cherche même plus à
dissimuler qu’il est intégralement au service du grand patronat.
Ce
faisant, la mobilisation a accentué les divisions au sein du Parti
socialiste et dissipé en bonne partie les illusions du « dialogue
social ».
La
vidéo d’un policier frappant d’un violent coup de poing en plein
visage un lycéen, maintenu par d’autres policiers, n’a fait que
rendre visible pour des millions de personnes ce que connaissent les
lycéen-ne-s mobilisé-e-s depuis plus d’un mois et ce que savent
d’expérience les habitant-e-s des quartiers populaires :
la
police a pour fonction primordiale de réprimer tou-te-s ceux et
celles qui se révoltent et, dans l’accomplissement de cette
fonction, elle agit de la manière la plus violente et arbitraire, en
particulier contre les jeunes issus de l’immigration postcoloniale.
Mais
la réponse du gouvernement à ce vent de fronde, ce n’est pas
seulement la répression policière et sa dimension raciste. Un autre
aspect du racisme d’Etat s’est manifesté dans les propos tenus
lors des deux dernières semaines par le Premier ministre Manuel
Valls et la Ministre des familles, de l'enfance et des droits
des femmes, Laurence Rossignol.
Dans
les deux cas, il s’agissait de stigmatiser une fois encore les
musulman-e-s, en les présentant comme une menace pour ce qu’ils
nomment la « République » et le
« vivre-ensemble ».
La
chanson est malheureusement trop connue depuis une quinzaine
d’années : pour détourner l'attention de sa politique
antisociale, le gouvernement prend appui sur les discriminations
systématiques qui traversent la société et agite le foulard
islamique, en en faisant le signe incontestable d’un danger
« islamiste » voire « terroriste ».
Mais
Laurence Rossignol est allée plus loin dans l’obscénité raciste,
en comparant les femmes voilées à « des nègres américains
qui étaient pour l’esclavage ». Elle réussit ainsi le tour
de force de joindre l’islamophobie à la négrophobie.
L’usage
du mot « nègre » est évidemment inacceptable, et
il révèle s’il le fallait l’emprise persistante de
l’inconscient colonial et raciste dans la classe dirigeante
française.
Mais
affirmer que des esclaves étaient favorables à l’oppression
qu’ils subissaient, c’est nier la responsabilité des puissances
occidentales, en particulier la France, dans ce crime contre
l’humanité qu’ont constitué l’esclavage et la traite des
Noirs, mais c’est aussi occulter la multitude des résistances et
des révoltes de la part des esclaves.
A
l'occasion de ce genre de déclaration, comment ne pas voir qu'un
gouvernement qui lutte contre les libertés des femmes voilées sous
prétexte de les libérer, se fait l'héritier de ceux qui ont
entretenu l'esclavage et la colonisation ?
Le
NPA condamne ces propos, appelle à la démission de Laurence
Rossignol et soutient les associations antiracistes qui ont porté
plainte pour « injure publique à caractère racial ».
Ses
propos, ainsi que ceux de Manuel Valls, ne sont pas seulement
consternants. Ils mettent en pleine lumière l’agenda du
gouvernement, exprimé clairement par Manuel Valls : « Bien
sûr, il y a l'économie et le chômage, mais l'essentiel, c'est la
bataille culturelle et identitaire ».
Face
à cette politique qui vise à unir ceux qui devraient être divisés
et à diviser ceux qui devraient être unis, nous mettrons toutes nos
forces pour amplifier la mobilisation contre la loi Valls/El Khomri
et pour la lier au combat contre le racisme d’Etat, plus que jamais
nécessaire.
Ce
lien ne se fera pas tout seul : il n'est possible que par
l'auto-organisation de celles et ceux qui subissent le racisme, et
son respect par l'ensemble du mouvement.
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