mercredi 27 mai 2015

VIVE LA LUTTE DES TRAVAILLEURS DE BURSA, LEUR LUTTE EST AUSSI LA NÔTRE


Jeudi 14 mai, les travailleurs de l’usine Renault Oyak de Bursa en Turquie (4 800 salariés) se sont mis en grève pour refuser un accord signé par le syndicat « Turk Metal », syndicat dont les représentants sont liés aux patrons et qui va jusqu’à réprimer physiquement les ouvriers qui s’organisent.

L’accord imposait 3% d’augmentation de salaire jusqu’en 2017, alors que leur pouvoir d’achat vient de perdre 20% suite à la dévaluation de la monnaie turque. Ils demandent 20 à 60 % de hausse des salaires, ainsi que la garantie écrite qu’aucun gréviste ne sera licencié, que le syndicat « Turk Metal » sera chassé de l’usine et que des représentants élus par les travailleurs soient associés aux négociations.

Une grève contagieuse

Le déclencheur du conflit a été le succès remporté par les ouvriers de Bosch, avec 60% d’augmentation des salaires. Depuis, le blocage de l’usine Renault a été le départ d’une puissante vague de grèves de 12 000 salariés qui touche les usines Tofas (groupe Fiat), Mako et Coskunöz (deux équipementiers de Renault) ou encore Ford Otosan, paralysant une partie de l’industrie automobile turque. Le slogan « Renault, la résistance c’est partout » est repris par des milliers d’ouvriers.

La solidarité, c’est l’arme des travailleurs

Un slogan des grévistes traduit leur détermination : « Plutôt mourir que reculer ». Des groupes d’ouvriers viennent devant l’usine en soutien aux grévistes barricadés à l’intérieur. On apporte des couvertures pour affronter le froid, des commerçants apportent de la nourriture, les familles viennent encourager les grévistes, des jeunes collent des affiches de soutien. A Izmir, Ankara, Istanbul, Eskisehir, Alexandrette, etc. les travailleurs d’autres entreprises expriment leur solidarité avec ceux de Bursa. 

Patrons, gouvernement et Turk Metal main dans la main pour éteindre l’incendie

Patronat et gouvernement turc sont dressés contre la grève. Le ministre de l’industrie exige une reprise immédiate du travail, avant toute négociation. Dans ce pays où il est quasiment impossible de faire des grèves « légales », le procureur général de Bursa a engagé des poursuites pour cause de grève illégale.

La police s’est positionnée aux abords de l’usine et menace d’intervenir si les travailleurs de l’extérieur cherchent à entrer dans l’usine. Quant à la direction de Renault, elle a envoyé une lettre aux grévistes pour les avertir que " leurs manifestations perturbent le travail, constituent un crime et que seront licenciés ceux qui poursuivent ces actions".

Elle menace même de « reconsidérer son investissement en Turquie », maniant le chantage au maintien des usines comme elle l’a déjà fait en Roumanie, en Espagne ou en France.

En Turquie comme ailleurs, on peut faire reculer les patrons

22 mai 2015Lundi 25 mai, le travail a repris à Tofas où un accord est intervenu entre direction et représentants des ouvriers, stipulant qu’aucun gréviste ne sera licencié, que le syndicat jaune « Turk Metal » quittera l’usine, que des élections seront organisées prochainement pour l’élection des propres représentants des travailleurs et que sera versée une prime mensuelle. Le même accord a été signé chez l’équipementier Mako.

Chez Renault, la direction proposait mardi 26 mai des primes de 350 euros maintenant, 200 en fin d’année et un bonus de 170 euros avec des négociations sur les salaires dans un mois. Les salariés ont repoussé ces propositions et décidé de continuer l’occupation de leur usine, bien décidés à imposer leurs revendications.
Le soutien à la grève des ouvriers de Bursa est une nécessité, pour la satisfaction des revendications de tous, les leurs comme les nôtres. Mais aussi parce que cette grève, et la solidarité qu’elle appelle, c’est aussi le meilleur moyen de combattre la politique de division, de mise en concurrence des travailleurs d’un pays à l’autre.

Pour plus d'informations :

Article sur le bog auto du NPA :

22 mai 2015 , chantage de Renault contre la grève des ouvriers turcs
25 mai 2015 , les grèves dans l'automobile en Turquie, plus rien seras comme avant
26 mai 2015 la grève de l'usine Renault de Bursa continue

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