mercredi 6 mai 2015

MICHELIN : LA PAROLE DONNEE AUX BIBS AFIN DE RENDRE HOMMAGE AUX SALARIES ET NON A LEUR ANCIEN PATRON F.MICHELIN


Crédit photo : npa 63 mobilisation michelin 12 février 2013


Hier, mardi 5 mai 2015, se tenait les obsèques de F.Michelin(patron de l'usine de pneumatique du même nom de 1959 à 2002), que du bon monde pour lui rendre un dernier hommage, pour représenter le gouvernement, c'est macron qui s'y est collé, lui qui fait tout ce qu'il a en son pouvoir pour mener une politique fidèle aux intérêts des patrons.


Depuis le décès de F.Michelin, toutes les personnalités politique(PS-UMP-UDI), culturelle, médias encense F.Michelin, qui pour eux , était un patron à l'écoute, un patron qui a permis à l'usine de rayonner à l'internationale.

Pour se faire une autre idée, plus proche de la réalité,

Voici d'autres points de vue : ICI

à lire ci-dessous, l'hommage de Jean-Pierre Serezat du 4 mai 2015 écrit à Lussat dans le 63 que nous remercions de nous avoir autorisé de publier cette lettre d'hommage.


Lussat (63), le Lundi 04 mai 2015

HOMMAGE

Pendant que d’autres vont vous rendre hommage, moi, Monsieur François MICHELIN, je vais le rendre à ceux qui vous ont permis d’exister.

Je rends hommage aux centaines de milliers de travailleurs anonymes qui ont fait votre fortune et celle de la Maison Michelin.

Je rends hommage aux militants de la C.G.T. et aux travailleurs du siècle dernier qui ont été licenciés, interdits de travail, voir déportés en 1939-1945, comme le communiste Robert MARCHADIER.

Je rends hommage aux dizaines de milliers de licenciés économiques abusifs.

Je rends hommage aux 2500 travailleurs reconnus en maladies professionnelles.

Je rends hommage aux 250 malades de l’amiante dont la plupart sont décédés.

Je rends hommage à tous ceux qui ont été empoisonnés par l’industrie du caoutchouc : benzène, toluène, hydrocarbure, amines aromatiques, radioactivité, fumées, vulcanisations, etc…

Je rends hommage à ceux qui ont combattu la " Cagoule " au sein de votre usine, pendant que certains de vos cadres montaient régulièrement à Paris pour organiser ce mouvement fasciste destiné à renverser la République.

Vous avez poursuivi une étroite relation avec la branche la plus conservatrice de l’Église, puisque nombre d'observateurs ont pu vous voir au monastère intégriste de Randol proche de Clermont-Ferrand.

Je rends hommage aux " pisses-vinaigres " que j'étais pour vous, vous ayant tenu tête.

Je rends hommage aux syndicalistes que vous avez haït et décrit comme " les verts dans le fruit ".

Je rends hommage aux 189 licenciés reconduit en taxi, dont certains se sont suicidés suite à ce scandale.

Je rends hommage aux travailleurs vietnamiens qui ont été assassinés dans vos plantations après avoir connus l'enfer de conditions de travail rappelant l'esclavage le plus ignoble.

Je rends hommage à ceux qui se sont suicidés, au travail ou à leur domicile, suite au harcèlement mis en place contre eux.

Je rends hommage à ceux qui, comme moi, ont eu leur carrière bloquée et ont été discriminés pour, je cite : " Ne respecte pas les valeurs de l’entreprise " .

Je rends hommage aux syndicalistes, anarchistes, communistes, chrétiens etc... qui ont été victimes de discriminations au travail permanentes.

Je rends hommage aux 7500 licenciés qui ont fait grimper la Bourse pour vos profits, et qui se résume à cette expression méprisante de « licenciements boursiers ».

Je rends hommage également à ceux qui, aujourd’hui, luttent dans vos usines de par le monde.

Pour conclure :

Vous venez de décéder à la maison de retraite « les Petites Soeurs des Pauvres » aux Carmes, comme apparemment un pauvre gueux. Jusqu’au bout, vous avez véhiculé votre image de l’homme humble. J’ose espérer que vous avez déclaré un mécénat pour dons aux oeuvres religieuses.

Mais, vous faites partie de la grande bourgeoisie industrielle et financière malgré vos airs de simplicité, cet habillage n’a trompé que ceux qui ne voulaient pas voir et ceux que cela arrangeait.

Oui, j’ai appris sous vos ordres que les lois de la République ne s'appliquent pas derrière les portes de vos usines et coffres. Ce qui s’applique, c’est le système Michelin dit de la Maison : " L’autorité ne se partage pas, elle s’incarne ".

Oui, Monsieur vous m’avez haït avec votre système Maison, parce que je partageais les idées de la C.G.T. et du parti communiste. Vous me considériez comme un ennemi de l’intérieur, un terroriste.

Effectivement, j’en étais un, qui combattait la terreur que vous faisiez subir aux salariés qui ne se conformaient pas dans le moule de la Maison. Aujourd’hui, je vous rends la monnaie de la pièce comme pendant les grandes grèves contre l’augmentation de notre prix horaire " 20 centimes de francs ".

Oui, Monsieur nous ne sommes pas de la même classe sociale, je fais partie des gueux et je reste debout avec ma classe, celle des travailleurs.

Oui, Monsieur combien de fois ais-je entendu cette phrase venant d'un tel qui était brimé, de mauvaises conditions de travail, ou après une injustice de la hiérarchie. : " Ah ! Si François savait tout cela, ça changerait ". Votre paternalisme fonctionnait bien.

Mais, Monsieur, vous saviez tout cela, car vous étiez le Patron, c’est vous qui dirigiez le navire et donc toute la philosophie Maison. Comme le dit Yvan LEVAÏ dans le film " Paroles de Bibs " : " bien sur qu’ils en ont fracassé du monde dans l’usine, mais la morale est sauve, le Patron est là et il va à la messe le dimanche ".

Oui, Monsieur, le jour de votre enterrement, je ferais la fête avec mes amis, comme les mineurs Gallois pour le décès de la mère TATCHER .

Je vous dois bien cela pour tout le mépris que vous avez montré à mon égard.
Je ne regrette rien, si cela était à refaire, je le referais.

Un gueux, ouvrier et syndicaliste Michelin,

Jean-Pierre SEREZAT 



 



Voici aussi quelques dates historiques pour Michelin

MAI 1920 :

1er grève chez Michelin(3 morts parmi les grévistes)
7 hommes et une femme (salarié(e)s de michelin) sont condamnés à des peines de prisons

FEVRIER-MARS 1936 :

Les syndicalistes qui avait appelé à la grève sont « mis à la porte »

1950 :

9 semaines de grève, Michelin refuse de négocier avec les syndicats

1958 :

Michelin supprime le poste d'un travail d'un syndicaliste qui s'était clandestinement introduit en Espagne

1968 :

Michelin démissionne du CNPF qui avait osé négocier avec les syndicats.

* le 13 mai, la CFDT, FO et la CGT appellent à une grève de 24 heures.
* le 20 mai, les usines sont fermées et les portes gardées par des piquets de grèves. Michelin, ne veut pas discuter
* le 27 mai, Michelin déclare « Nous sommes peu nombreux cette année, ceux qui ont pu venir l'ont fait au prix de réelles difficultés….. L'interventionnisme désincarné, irresponsable et envahissant à provoquer à tous les niveaux de la vie sociale et économique un affaiblissement du sens de la responsabilité… Là ou la responsabilité est diluée, là où règnent le désordre et le compromis,entravent au progrès… L'autorité ne se partage pas, elle s'incarne »
* le 6 juin : les usines sont de nouveaux occupées
* le 7 juin : elles ouvrent de nouveau pour éviter l'affrontement avec les forces de l'ordre.

1957-1968 :
11 ans, c'est la durée du procès contre le Comité d'Etablissement pour obtenir la gestion des activités sociales

1972 :

Les organisations syndicales intentent un procès à Michelin pour la désignation des délégués syndicaux. Après de longues discussions, chaque organisation syndicale s'est vu attribuer 8 délégués, plus 1 pour Ladoux, reconnu établissement distinct

1975-1980 :

Trois procès pour la reconnaissance des CHS

1976 :

Grève des professionnels sur la reconnaissance de la classification et de la formation professionnelle continue.
Cette grève par arrêt de travail court, dure 3 semaines environ. Un protocole d'accord est signé

1977 :

Michelin, veut faire tourner ses usines du dimanche 22 heures au samedi 21 heures.

* le 18 décembre , les ateliers de fabrication débrayent et bloquent les usines
* le 21 décembre, la direction fait affiché qu'elle accorde 30 samedi chômé et 6 RH, mais maintien le système semi-continu
* le 23 décembre, l'inspection du travail décide d'organiser une réunion tripartite de conciliation. Michelin refuse de s'y rendre
* le 26 décembre , une grève de solidarité de tout le département du Puy de Dôme s'organise. 10 000 personnes manifestent.
* le 27 décembre, une délégation syndicale se rend au Ministère du travail
* le 30 décembre , reprise du travailleurs
* jusqu'au 18 février 1978, des actions se succèdent, avec des appels à ne pas venir travailler les samedis programmés.

La direction retire son projet, mais sera prêt à le remettre en œuvre dés que l'occasion se représentera.

1983 à 1990 :
Procès pour la reconnaissance du comité de groupe

1988 :

* le 13 avril , la direction annonce une augmentation générale des salaires de 20 centimes de l'heure pour les agents et dans le même temps, prévoit d'investir 2 milliards en Espagne
* le 18 avril, un conflit éclate qui durera
* jusqu'au 5 mai avec arrêts de travail tous les jours
* jusqu'au 22 juillet avec un arrêt de travail par semaines
* le 22 avril, la direction annonce qu'elle ne négocieras pas, qu'une commission régionale de conciliation se tiendras à la préfecture le 27 avril. Michelin annonce un résultat positif pour la manufacture de 127 millions de francs
* le 27 avril, échec de cette réunion

Le conflit s'étend aux autres unités de production

* 26 avril, fermeture de la porte des carmes de 7 heures à 8 heures pour expliquer le mouvement aux personnels mensuels
* le 28 avril, les 4 usines sont fermées par les grévistes. La direction envoie ses cadres qui n'hésitent pas à faire le coup de poing ; L'après-midi , la direction diffuse un communiqué pour dénoncer les atteintes à la liberté du travail et prépare une contre manifestation des cadres
* le 5 mai, plus de 12 000 manifestants
* le 24 juin, manifestation à l'aéroport d'Aulnat lors de l'AG des actionnaires.
Michelin profite de cette assemblée pour régler ses comptes avec les syndicalistes
* le 22 juillet, dernier jour de grève concernant les salaires

Pendant toute cette période, Michelin a refusé de dialoguer avec les organisations syndicales pour revoir l'accord des classifications(qui était aussi l'une des revendications)

1989 :

4 cadres de Michelin intentent un procès aux organisations syndicales CGT, CFDT

1992-1994

Procès contre une affiche et un « pin's » représentant Michelin en homme de Cromagnon

AVRIL 1995 :

Grève de 2 jours pour des augmentations de salaires après les bon résultats de la manufacture

29 janvier 1998,

Michelin dénonce les accords qui régissent le fonctionnement du comité d'entreprise ainsi que tous les usages qui y sont liés ; Fonctionnement mis en place depuis presque 30 ans. La CGT et la CFDT intentent un procès….







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