lundi 8 juin 2020

DE MINNEAPOLIS À CLERMONT-FERRAND «THE REVOLUTION HAS COME, OFF THE PIGS !»1


Les états-unis s'embrasent.

C'est le meurtre de George Floyd par un policier blanc, raciste et déjà impliqué dans plusieurs affaires de violences le 25 mai à Minneapolis qui a mis le feu aux poudres.
Un meurtre raciste de plus un meurtre raciste de trop.
La contestation a rapidement gagné 75 villes des différents états et pris des formes radicales (commissariat et voitures de polices incendiées...). Les couvre-feu, les menaces de Trump d'envoyer la garde nationale sur les manifestants, ses appels à tirer dessus et ses déclarations d'intention de qualifier les « antifa » d'organisation terroriste n'ont fait que renforcer la détermination des manifestants.
Ce soulèvement ne surgit pas ex-nihilo et prend sa source dans une longue tradition d'auto-organisation et de lutte des victimes de racisme aux USA et plus récemment du mouvement Black Lives Matter né en 2013 suite à l'acquittement de George Zimmerman, le surveillant de quartier qui avait tué Trayvon Martin.
Mais il est évident que la détermination de la riposte trouve aussi une de ses causes dans la gestion actuelle de la crise sanitaire à laquelle les afro-américains payent un lourd tribu et plus généralement dans la brutalité raciste et antisociale de l'aire Trump.

Soulèvement mondial

De la Grèce à la Palestine, du Brésil au Royaume-Uni, des voix se sont élevées dans le monde entier en soutien aux révoltes en cours aux USA.
Au-delà du simple soutien aux insurgés des États-Unis, les manifestant·e·s font souvent le lien avec le racisme et la violence de leur propre police comme par exemple au Japon ou encore plus en France.

« La police en France n'est pas raciste »

C'est ce qu'à déclaré ce 2 juin Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale. Cette déclaration fait tristement écho à d'autres phrases de déni de la réalité, voir d'intimidation contre celles et ceux qui veulent dénoncer cette triste réalité : on se rappelle de Macron en personne nous disant l'an dernier « Ne parlez pas de 'répression' ou de 'violences policières', ces mots sont inacceptables » repris par son fidèle Castaner retroussant les babines pour menacer « Il faut arrêter de parler de violences policières ».
Celles et ceux qui osent se battre contre les violences policières et les crimes racistes de la police française sont ainsi sans cesse victime d'intimidations conjointes par le pouvoir en place et les syndicats policiers.
Les plaintes, le harcèlement policier, les perquisitions, interpellations sont le lot commun des personnes racisées qui ne veulent pas se taire, c'est notamment le cas d'Assa Traoré, qui, depuis 4 ans, mène un combat d'une dignité exemplaire pour que soit reconnu le meurtre de son frère Adama mais aussi contre les violences policières dans leur ensemble.
Chercher à tout prix à empêcher l'expression d'une réalité ne permettra pas au gouvernement de nier cette réalité.
Alors que chaque année la police française tue plusieurs dizaines de personnes, la période du confinement, loin de constituer une trêve a marqué une accélération de cette violence meurtrière puisqu'en moins de trois mois, ce sont au moins 12 victimes de la police qui ont été recensées, sans compter les mutilations et tabassages.
Le caractère particulièrement raciste de cette violence policière est tout autant indéniable, tant la sur-représentation des personnes racisées parmi ces victimes est flagrante, ce qui est la conséquence directe d'une pression constante de la police française contre les minorités. 2
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Chaque fois, la police est protégée par la justice renforçant sa toute puissance par l'impunité, véritable incitation à tuer, il n'y a qu'à voir pour s'en convaincre les dossiers des meurtres d'Adama Traoré à Beaumont, mais aussi de Babacar Gueye à Rennes, d'Aboubakar Fofana à Nantes, de Sabri à Argenteuil, d'Angelo Garand à Seur, de Lamine Dieng à Paris et de dizaines d'autres cas où les non-lieux se succèdent ad nauseam.
Ce contexte explique la puissance particulière de la mobilisation en France. Car c'est un véritable soulèvement populaire qui a débuté le 2 juin avec 80 000 personnes rien qu'à Paris qui ont bravé l'interdiction de manifester et la menace de répression policière.
Dans de nombreuses autres villes de France, ce sont des milliers de personnes qui ont déconfiné leur colère.

À Clermont-Ferrand, pour Wissam et tous les autres !

Clermont-Ferrand n'est pas connu comme un haut lieu de la contestation. Pourtant, la ville ne reste pas à l'écart de la vague de colère et nous étions bien entre 500 et 1000 personnes rassemblées ce vendredi 5 juin à l'appel du comité Justice et Vérité pour Wissam.
Après de nombreuses prises de paroles, nous avons scandé des slogans pour exprimer notre colère et notre détermination.
Si nombre de pancartes et de slogans dénonçaient des cas les plus emblématiques de la violence et du racisme de la police (George Floyd, Adama Traoré, Wissam El-Yamni...), la colère s'exprimait aussi contre le racisme et les violences policières de manière plus générale.
C'est que contrairement à certains politiciens de gauche à la bonne conscience facile qui dénoncent des cas de violence et de racisme comme des phénomènes isolés qui salissent une institution républicaine et policière qui serait fondamentalement saine mais entachées par des éléments minoritaires racistes et violents ou par les ordres d'un mauvais gouvernement, beaucoup de manifestant·e·s ont bien compris que le problème est systémique et global.
Le problème n'est pas qu'il y a des racistes
dans la police,
mais que la police
est une institution raciste.
Le problème n'est pas que Macron ou Castaner seraient de mauvais dirigeants qui utiliseraient la police pour réprimer et mutiler les contestataires mais que le rôle de la police est de maintenir l'ordre social en écrasant sa contestation par tous les moyens.
La police est violente, raciste et antisociale parce qu'elle est un outil de domination au service d'un système capitaliste et raciste hyper-violent.
La lutte contre les violences policières et ses meurtres racistes est indissociable d'une lutte globale contre le capitalisme et le racisme systémique.
Pour autant, il n'est pas question d'attendre la fin du capitalisme pour se défendre face à la police. Au contraire, si on ne peut pas mettre fin aux exactions de la police sans mettre fin au système dont elle est le bras armé, briser la puissance et l'impunité policière est une des conditions pour affaiblir le système.
C'est pourquoi, parmi ses mesures d'urgence le NPA réclame :
  • la mise en place de commissions d'enquêtes indépendante de l’État et de la police associant les collectifs de proches des victimes et les organisations du mouvement social pour faire la lumière sur les meurtres et mutilations par la police
  • Le désarmement de la police
  • La dissolution de toutes unités spéciales (Brav, BAC...)
  • l'interdiction des armes dites à faible létalité comme le Taser, les LBD, les grenades offensives...

Pour une solidarité concrète

Si le combat est global et éminemment politique, il passe aussi par une solidarité sans faille avec les proches des victimes.
Depuis huit ans le comité Justice et Vérité pour Wissam se bat pour que le meurtre par la police de Wissam El-Yamni le 1er janvier 2012 soit reconnu.
En huit ans, la justice et l'IGPN ont tout fait pour couvrir le crime.
En huit ans, le juge d'instruction n'a toujours pas entendu les témoins qui ont pourtant un éclairage particulièrement important à apporter.
C'est tout l'enjeu de l'audience qui se tiendra mardi 9 juin à 9 h devant la chambre d'instruction de Riom. Les proches de Wissam craignent que l'instruction ne soit abandonné et exigent que le juge d'instruction décide enfin d'entendre directement les témoins sans passer par une police des police qui, en huit ans, a plusieurs fois été prise la main dans le sac en train d'étouffer des preuves.
Le NPA 63 appelle à répondre nombreux à l'appel à soutien du comité Wissam mardi 9 juin à 9h devant la cour d'appel de Riom.
1« The revolution has come, off the pigs ! Time to pick-up guns » est un chant des Black Panthers qu'on peut traduire par « La révolution est venue, débarassons-nous des flics ! Il est temps de prendre les armes ». Ce chant historique de la lutte antiraciste a été remis au goût du jour en France par Camélia Jordanna qui l'a chanté lors du rassemblement parisien organisé le 2 juin par le comité Adama, déclenchant les foudres de la police, du gouvernement et des éditorialistes à leurs ordres.
2 Les études universitaires ont montré qu'en France les Noirs se faisaient contrôler, en moyenne, 6 fois plus que les Blancs, et les Arabes 7,8 fois plus et que les palpations sont 4 et 3 fois plus fréquentes pour ces populations.

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