Les états-unis s'embrasent.
C'est
le meurtre de George Floyd par un policier blanc, raciste et déjà
impliqué dans plusieurs affaires de violences le 25 mai à
Minneapolis qui a mis le feu aux poudres.
Un
meurtre raciste de plus un meurtre raciste de trop.
La
contestation a rapidement gagné 75 villes des différents états et
pris des formes radicales (commissariat et voitures de polices
incendiées...). Les couvre-feu, les menaces de Trump d'envoyer la
garde nationale sur les manifestants, ses appels à tirer dessus et
ses déclarations d'intention de qualifier les « antifa »
d'organisation terroriste n'ont fait que renforcer la
détermination des manifestants.
Ce
soulèvement ne surgit pas ex-nihilo et prend sa source dans une
longue tradition d'auto-organisation et de lutte des victimes de
racisme aux USA et plus récemment du mouvement Black Lives Matter né
en 2013 suite à l'acquittement de George Zimmerman, le surveillant
de quartier qui avait tué Trayvon Martin.
Mais
il est évident que la détermination de la riposte trouve aussi une
de ses causes dans la gestion actuelle de la crise sanitaire à
laquelle les afro-américains payent un lourd tribu et plus
généralement dans la brutalité raciste et antisociale de l'aire
Trump.
Soulèvement mondial
De
la Grèce à la Palestine, du Brésil au Royaume-Uni, des voix se
sont élevées dans le monde entier en soutien aux révoltes en cours
aux USA.
Au-delà
du simple soutien aux insurgés des États-Unis, les manifestant·e·s
font souvent le lien avec le racisme et la violence de leur propre
police comme par exemple au Japon ou encore plus en France.
« La police en France n'est pas raciste »
C'est
ce qu'à déclaré ce 2 juin Frédéric Veaux, directeur général de
la police nationale. Cette déclaration fait tristement écho à
d'autres phrases de déni de la réalité, voir d'intimidation contre
celles et ceux qui veulent dénoncer cette triste réalité : on
se rappelle de Macron en personne nous disant l'an dernier « Ne
parlez pas de 'répression' ou de 'violences policières', ces mots
sont inacceptables »
repris
par son fidèle Castaner retroussant les babines pour menacer « Il
faut arrêter de parler de violences policières ».
Celles et ceux qui osent se
battre contre les violences policières et les crimes racistes de la
police française sont ainsi sans cesse victime d'intimidations
conjointes par le pouvoir en place et les syndicats policiers.
Les plaintes, le harcèlement
policier, les perquisitions, interpellations sont le lot commun des
personnes racisées qui ne veulent pas se taire, c'est notamment le
cas d'Assa Traoré, qui, depuis 4 ans, mène un combat d'une dignité
exemplaire pour que soit reconnu le meurtre de son frère Adama mais
aussi contre les violences policières dans leur ensemble.
Chercher à tout prix à
empêcher l'expression d'une réalité ne permettra pas au
gouvernement de nier cette réalité.
Alors que chaque année la
police française tue plusieurs dizaines de personnes, la période du
confinement, loin de constituer une trêve a marqué une accélération
de cette violence meurtrière puisqu'en moins de trois mois, ce sont
au moins 12 victimes de la police qui ont été recensées, sans
compter les mutilations et tabassages.
Le caractère particulièrement
raciste de cette violence policière est tout autant indéniable,
tant la sur-représentation des personnes racisées parmi ces
victimes est flagrante, ce qui est la conséquence directe d'une
pression constante de la police française contre les minorités.
2
Chaque
fois, la police est protégée par la justice renforçant sa toute
puissance par l'impunité, véritable incitation à tuer, il n'y a
qu'à voir pour s'en convaincre les dossiers des meurtres d'Adama
Traoré à Beaumont, mais aussi de Babacar Gueye à Rennes,
d'Aboubakar Fofana à Nantes, de Sabri à Argenteuil, d'Angelo Garand
à Seur, de Lamine Dieng à Paris et de dizaines d'autres cas où les
non-lieux se
succèdent ad nauseam.
Ce contexte explique la
puissance particulière de la mobilisation en France. Car c'est un
véritable soulèvement populaire qui a débuté le 2 juin avec 80
000 personnes rien qu'à Paris qui ont bravé l'interdiction de
manifester et la menace de répression policière.
Dans de nombreuses autres
villes de France, ce sont des milliers de personnes qui ont déconfiné
leur colère.
À Clermont-Ferrand, pour Wissam et tous les autres !
Clermont-Ferrand n'est pas
connu comme un haut lieu de la contestation. Pourtant, la ville ne
reste pas à l'écart de la vague de colère et nous étions bien
entre 500 et 1000 personnes rassemblées ce vendredi 5 juin à
l'appel du comité Justice et Vérité pour Wissam.
Après de nombreuses prises de
paroles, nous avons scandé des slogans pour exprimer notre colère
et notre détermination.
Si nombre de pancartes et de
slogans dénonçaient des cas les plus emblématiques de la violence
et du racisme de la police (George Floyd, Adama Traoré, Wissam
El-Yamni...), la colère s'exprimait aussi contre le racisme et les
violences policières de manière plus générale.
C'est que contrairement à
certains politiciens de gauche à la bonne conscience facile qui
dénoncent des cas de violence et de racisme comme des phénomènes
isolés qui salissent une institution républicaine et policière qui
serait fondamentalement saine mais entachées par des éléments
minoritaires racistes et violents ou par les ordres d'un mauvais
gouvernement, beaucoup de manifestant·e·s ont bien compris que le
problème est systémique et global.
Le
problème n'est pas qu'il y a des racistes
dans
la police,
mais
que la police
est
une institution raciste.
Le problème n'est pas que
Macron ou Castaner seraient de mauvais dirigeants qui utiliseraient
la police pour réprimer et mutiler les contestataires mais que le
rôle de la police est de maintenir l'ordre social en écrasant sa
contestation par tous les moyens.
La
police est violente, raciste et antisociale parce qu'elle est un
outil de domination au service d'un système capitaliste et raciste
hyper-violent.
La lutte contre les
violences policières et ses meurtres racistes est indissociable
d'une lutte globale contre le capitalisme et le racisme systémique.
Pour autant, il n'est pas
question d'attendre la fin du capitalisme pour se défendre face à
la police. Au contraire, si on ne peut pas mettre fin aux exactions
de la police sans mettre fin au système dont elle est le bras armé,
briser la puissance et l'impunité policière est une des conditions
pour affaiblir le système.
C'est pourquoi, parmi ses
mesures d'urgence le NPA réclame :
-
la mise en place de commissions d'enquêtes indépendante de l’État et de la police associant les collectifs de proches des victimes et les organisations du mouvement social pour faire la lumière sur les meurtres et mutilations par la police
-
Le désarmement de la police
-
La dissolution de toutes unités spéciales (Brav, BAC...)
-
l'interdiction des armes dites à faible létalité comme le Taser, les LBD, les grenades offensives...
Pour une solidarité concrète
Si le combat est global et
éminemment politique, il passe aussi par une solidarité sans faille
avec les proches des victimes.
Depuis huit ans
le comité Justice et Vérité pour Wissam se bat pour que le meurtre
par la police de Wissam El-Yamni le 1er janvier 2012 soit reconnu.
En huit ans, la
justice et l'IGPN ont tout fait pour couvrir le crime.
En huit ans, le
juge d'instruction n'a toujours pas entendu les témoins qui ont
pourtant un éclairage particulièrement important à apporter.
C'est tout l'enjeu de
l'audience qui se tiendra mardi 9 juin à 9 h devant la chambre
d'instruction de Riom. Les proches de Wissam craignent que
l'instruction ne soit abandonné et exigent que le juge d'instruction
décide enfin d'entendre directement les témoins sans passer par une
police des police qui, en huit ans, a plusieurs fois
été prise la main dans le sac en train d'étouffer des preuves.
Le NPA 63 appelle à
répondre nombreux à l'appel à soutien du comité Wissam mardi 9
juin à 9h devant la cour d'appel de Riom.
1« The
revolution has come, off the pigs ! Time to pick-up guns »
est un chant des Black Panthers qu'on peut traduire par « La
révolution est venue, débarassons-nous des flics ! Il est
temps de prendre les armes ». Ce chant historique de la lutte
antiraciste a été remis au goût du jour en France par Camélia
Jordanna qui l'a chanté lors du rassemblement parisien organisé le
2 juin par le comité Adama, déclenchant les foudres de la police,
du gouvernement et des éditorialistes à leurs ordres.
2
Les études universitaires ont montré qu'en France les Noirs se
faisaient contrôler, en moyenne, 6 fois plus que les Blancs, et les
Arabes 7,8 fois plus et que les palpations sont 4 et 3 fois plus
fréquentes pour ces populations.
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