Des
policiers cagoulés et munis de leur brassard, parfois porteurs de
leur arme de poing, parfois à bord de leur véhicule de service, qui
multiplient les manifestations non déclarées dans la plus totale
impunité… Qui vont jusqu'à se rendre à l’Élysée, gentiment
bloqués devant la porte par un cordon de gendarmerie… Qui se
trouvent à cette occasion dirigés par un non policier, ancien
adjoint de sécurité s'avérant être membre du FN…
Voilà
qui en dit long,
tant
sur la police et l’État
que
sur la déliquescence
du
gouvernement Hollande-Valls.
Bien
sûr, c'est la crise pour tout le monde. Les policiers subissent eux
aussi les bas salaires, les dotations en baisse (mais le gouvernement
vient de débloquer 250 millions d'euros), les pressions de la
hiérarchie.
D'autant
qu'avec les attentats terroristes d'une part, le renouveau du
mouvement social d'autre part, les journées s'allongent et le stress
grandit.
Et
que la délinquance, parfois barbare, produit de la décomposition de
la société, est une réalité. Bien sûr, tous les flics ne sont
pas des salauds.
La
CGT Police s'était notamment élevée contre les consignes
gouvernementales de répression violente des manifestations contre la
loi Travail.
La
police est une arme essentielle
de
l'appareil d’État,
au
service d'un système global
qui
protège les exploiteurs,
les
bourgeois, les spéculateurs.
Cela
ne veut pas dire qu'elle ne puisse pas être traversée de
contradictions, et des policiers être sensibles aux revendications
populaires.
Plusieurs
pays ont connu, ces dernières années, des mobilisations et même
des grèves policières, dans le cadre desquelles des aspirations
relativement progressistes côtoyaient des positions très à droite
– toujours présentes dans ce type d'institution –.
Mais
tel n'est pas le cas des actuelles manifestations policières en
France.
Un
mouvement ultra-réactionnaire
Un
mouvement, quel qu'il soit, se définit d'abord par ses objectifs,
ses revendications. Celles des policiers-manifestants sont sans
ambiguïté d'extrême droite ; au diapason d'ailleurs des enquêtes
du Cevipof, qui font état d'une explosion du vote de cette
profession en faveur du Front national.
Contre
un supposé « laxisme des juges », ils réclament la fin des
sursis ou le rétablissement des peines plancher.
L'institution
judiciaire est pourtant de plus en plus répressive : au 1er octobre
2016, il y avait en France 68 514 personnes incarcérées, contre
moins de 50 000 au début des années 2000.
Leur
autre exigence est de bénéficier d'une extension de la notion de
légitime défense – comme s'il n'y avait pas assez de violences et
bavures policières, parfois mortelles comme on vient encore de le
voir à Echirolles.
Curieusement,
les policiers qui se succèdent dans les médias affirment d'un côté
avoir le soutien d'une nette majorité de Français, de l'autre être
mal aimés et aspirer à plus de « reconnaissance ».
La
vérité est que les flics sont détestés comme jamais par de larges
secteurs de la population. Pour que cela change, il faudrait qu'ils
cessent de se comporter dans les quartiers comme une force
d'occupation, bannissent de leurs pratiques les contrôles au faciès
et autres comportements racistes, n'aillent plus réprimer les
travailleurs contraints de faire grève pour défendre leurs droits,
arrêtent de tabasser les lycéens et d'énucléer les
manifestants... Vaste programme.
Mais
ce n'est pas tout, car le seul pare-feu possible au développement
des violences serait en fait… le désarmement de la police.
Il
y a parmi les principales forces politiques une telle unanimité
répressive que l'idée pourrait sembler folle. Elle n'a pourtant
rien de spécialement « révolutionnaire » et est même
appliquée dans des pays qui pourtant connaissent eux aussi la
violence économique et sociale du capitalisme, et ont tout comme
nous leurs gangsters et leurs dealers.
C'est
le cas du Royaume-Uni où ni les flics de terrain, ni ceux qui
enquêtent sur un délit ou un crime ne sont armés.
Le
policier y est de ce fait plus respecté et user contre lui d'une
arme y constitue une sorte d'interdit social.
Une
autre conséquence étant que la société britannique est beaucoup
moins sujette que la nôtre aux violences et bavures policières.
A
l'exact opposé du « permis de tuer » que réclament
aujourd'hui ceux qui manifestent, ou du développement de l'armement
des polices municipales, le désarmement protégerait les
policiers… tout en nous protégeant de la police.
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