samedi 16 septembre 2023

EXPULSION ESTIVALE DU SQUAT  « LE 5 ÉTOILES » ACCUEILLANT DES MINEURS ISOLÉS ÉTRANGERS

 

« Le 5 Étoiles » a été expulsé le 2 août dernier. Le squat « le 5 étoiles » (son petit nom) a ouvert en 2017 pour accueillir uniquement les mineurs isolés à la sortie de leur évaluation, pendant la période de recours sur la reconnaissance de minorité.

En 6 ans, il en a vu passer du monde. Au plus fort, 70 personnes y étaient hébergées, dans 2 maisons dimensionnées chacune plutôt pour accueillir une famille avec 2 enfants.
Les maisons appartiennent à la famille Mulliez. Elles bordent le parking de Kiabi, propriété de Mulliez également. Un procès est intenté et gagné par les propriétaires rapidement, pourtant la préfecture attendra 5 ans avant d’envoyer les policiers les expulser.

Pourquoi pas avant ?

Probablement parce que l’hébergement d’urgence était surchargé. Un camp de migrant avait vu le jour place du premier mai, en septembre 2018 et de rajouter une cinquantaine de mineurs à la rue semblait non judicieux à la préfète.

Il faut dire que des militantEs de RESF 63 étaient assez dynamiques et organisaient souvent des rassemblements à l’ASE ou des manifestations avec les jeunes du 5 étoiles. Ces militantEs venaient chaque dimanche au squat pour faire des réunions pour traiter les problèmes du lieu, la scolarité et les mobilisations.
Le 5 étoiles était un lieu intense. Des gens perdus débarquaient avec leur histoire traumatisante, les maisons n’étaient pas des hôtels 5 étoiles (soucis de chauffages l’hiver, etc). Certains jours il y avait des disputes, et toujours trop de stress à cause de l’attente et des incertitudes. Mais C’était aussi un lieu de rencontres et de solidarité. Pleins d’associations venaient faire des dons au squat. Des professeurs bénévoles venaient donner des cours. Lise proposait de réaliser une émission de radio et organisait des soirées d’écoute de cette émission ou bien des soirées cinéma.
Petit à petit, les militantEs du début de l’aventure se sont épuisés ou sont tombés malades ou ont eu des histoires d’amour toxique, c’est la vie.

Et c’est le collectif citoyen qui a pris les rênes du lieu. Le collectif citoyen ne sont pas des militantEs mais des bénévoles humanitaires. Ils/elles sont efficaces pour trouver des places dans les lycées.

Par contre, hors de question pour eux de chercher un rapport de force. Ainsi, ils se sont mis en tête de négocier un lieu pérenne avec les autorités notamment la préfecture. À partir de là, RESF 63 ne pouvait plus écrire de critique de la préfecture dans ses tracts sans provoquer un conflit diplomatique avec le collectif citoyen.


Au final, la préfecture n’a dialogué de l’expulsion qu’avec le Collectif Citoyen. Il était devenu l’unique interlocuteur.

Or pour le collectif citoyen, l’important était que l’expulsion se passe bien, pas de heurts, « on » prépare bien les valises la veille. Ils ont bien rassuré les jeunes : ils seront relogés.

En effet, ils ont été relogés dans différents appartements mais pour un mois seulement. Dés le 5 septembre leur hébergement n’était plus pris en charge par la préfecture. Les jeunes ne sont pas encore partis de leur logement, mais probablement que de nouvelles expulsions se préparent.

Le terme « mineurs isolés » est un terme qui devient malheureusement courant dans la presse, on a l’impression que c’est une masse de gens alors que ça reste des individus qui sont chacun isolé dans le sens où il n’ont pas de soutien, de réseau ou de famille qui les soutiennent.

Il a été demandé à Kader avant l’expulsion si il avait un plan B individuellement mais non rien du tout. Il espérait que son recours serait favorable et qu’il aurait une place à l’école. Et c’est tout. Son pari a lui a été gagné puisque mi-août, sa reconnaissance de minorité a été validée.

Au moins d’août , d’autres jeunes ont terminé leur évaluation de minorité et ont été mis dehors.

Le conseil départemental a délégué ce service d’évaluation à la DDAEOMI (Dispositif Départemental d’Accueil, d’Evaluation et d’Orientation des Mineurs Isolés) qui a été choisi car il se vantait de ne trouver que 10% de mineurs quelques soient les jeunes en face d’ eux .

En effet, à Clermont, 90% des jeunes sont évalués majeurs par le DDAEOMI.

Les militantEs n’ont pas su que faire des jeunes mis dehors par le DDAEOMI au mois d’août. Toutes les chambres et canapés étant déjà occupés. Des billets de trains leur ont été payés pour qu’ils puissent tenter leur chance ailleurs.

La solidarité a alors un goût bien amer.

Pour que cette situation change et que ses jeunes mineurs isolés soient pris en charge dés leur arrivée, RESF , le collectif citoyen, la cimade et la LDH ont écrit un courrier au préfet, au président du conseil départemental et au maire de Clermont


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