Depuis
le 3 octobre une centaine de demandeurs d'asiles et sans-papiers non
hébergés, dont une quarantaine
d'enfants ont posé leurs tentes dans l'enceinte de la faculté de
lettres de Gergovia à Clermont-Ferrand. Ils viennent d’Albanie, de
Russie, de Tchetchénie, du Kosovo, du Mali, d’Algérie...
Ailleurs
dans un squat plus de trente cinq mineurs isolés venus de différents
États africains «
vivent » avec l’aide de
militant-e-s de RESF. Avec le soutien des membres du Réseau
Éducation Sans Frontières, les familles et les personnes isolées
se sont regroupées pour faire respecter leur droit à un logement
digne.
Depuis
plusieurs mois, les services de l’État les laisse vivre dans le
dénuement le plus total sans toit au dessus de leurs têtes, sans
accès à l'eau ni à des sanitaires. Les pouvoirs publics
(Préfecture, Mairie, Conseil Départemental) se renvoient la balle,
laissant la situation pourrir et confrontant ces familles et ces
enfants aux dangers et à l'insalubrité de la rue et maintenant au
froid.
Plus
d'une semaine après l'installation des exilé.e.s sans toit dans la
cour de la faculté de lettres de l'Université Clermont-Auvergne, un
premier bilan s'impose :
-
2 visites de la Direction départementale de la cohésion sociale
(DDCS), travaillant sous l'égide de la préfecture, n'ont permis aux
pouvoirs publics que de commencer à rattraper leur retard : des
demandeurs d'asile se sont vu proposer une place en CADA, une
obligation dont l’État aurait du s'acquitter bien avant.
Quelques
personnes se sont vus proposer des nuitées en hôtels, mais
l'arrivée quotidienne de nouveaux exilé.e.s nous laisse penser que
la préfecture tout en répondant à certaines situations se livre
dans le même temps à un indigne jeu de «chaises musicales».
-
Aucune avancée sur une véritable prise en charge des nouveaux
arrivants en France : cette terrible régression, entamée sous la
présidence de Nicolas Sarkozy et aggravée sous François Hollande,
est devenue la norme.
Avant
d'être officiellement reconnu comme demandeur d'asile, un nouvel
arrivant doit attendre un rendez-vous à la préfecture, qu’il
obtiendra un mois ou plus, plus tard. Alors qu'il s'agit du moment où
ils sont les plus fragiles, les plus exposés, les exilé.e.s ne sont
pas hébergés, en vertu d'une interprétation réductrice du droit.
Cette
pratique est une honte sans nom. Elle est en grande partie
responsable de la détresse des personnes que nous accueillons malgré
nous sur la fac de Lettres.
-
Aucune avancée non-plus sur la délivrance de simples titres de
séjours aux déboutés du droit d'asile.
-
Dans l'impossibilité d'expulser tous les «
déboutés du droit d'asile » (en
raison du coût de chacun de ces expulsions compris, entre 20 000 et
40 000€ par personne), l’État laisse donc volontairement des
années durant des personnes, des familles entières sans droits,
dans la peur permanente, cachées et donc dans l'impossibilité de
s'insérer. Sans aides et sans le droit de travailler, cette
situation plonge les exilé.es dans une profonde détresse à tous
les niveaux (économique, sociale, psychique…) qui est un terreau
fertile pour les organisations criminelles qui profitent de la
misère.
Aujourd'hui,
ces déboutés « sans-papiers »
ne sont même plus hébergés : ils sont coincés ici, enfermés
dehors, sans aucun moyen de travailler légalement. Cela constitue un
profond déni de la réalité de la part des pouvoirs publics, ainsi
qu'un profond mépris des droits humains élémentaires. Nombre de
personnes sont aussi dans cette situation sur le campement de la
faculté de lettres de Clermont-Ferrand.
-
Pas le moindre contact avec le Conseil Départemental, pourtant en
charge de la Protection de l'Enfance. Depuis une semaine, au moins 5
enfants de moins de 3 ans dorment sous la tente avec leurs parents à
la faculté de lettres de Clermont-Ferrand. Mais certains n'ont pas
connu de toit en dur depuis plusieurs mois.
-Pas
le moindre contact du CD non plus concernant les mineurs étrangers
arrivés seuls en France dont 80 au moins ont été expulsés de
l'ASE. Parmi eux, 35 sont hébergés par les militant.e.s de RESF
eux-mêmes, 35 en squat et les autres sont laissés à la rue, à la
merci des réseaux mafieux et de prostitution.
-
Enfin, mis à part 2 élus d'opposition(*
Marianne Maximi et Alparslan Coskun.)
Insoumis-Front de Gauche-Place au Peuple à la ville de
Clermont-Ferrand
qui sont présents quotidiennement comme militant-e-s pour donner la
main à ce camp d'infortune, et 1 élue de la majorité municipale
venue à titre personnel porter des dons, aucun autre représentant
politique de l’État n'a daigné se préoccuper publiquement de la
situation.
Aussi,
nos revendications sont toujours les mêmes. Nous ne partirons pas
tant que nous n'aurons pas obtenu :
-
un hébergement stable et pérenne, pour l'ensemble des exilé.e.s
présents sur le campement.
-
la délivrance de titre de séjour à tous et toutes celles qui n'ont
pas de papiers.
Nous
sommes bien entendu ouverts à toute discussion avec les pouvoirs
publics sur ces bases-là. Nous, simples citoyen.ne.s ne voulons plus
effectuer gratuitement un travail qui est du ressort de l’État.
Nous ne supportons plus, pour des considérations bassement
politiciennes ou sous couvert de restrictions budgétaires, de voir
ainsi piétiner les plus élémentaires des droits de l'Homme.
Articles
de presse locaux
-
France 3 Auvergne « Des migrants installent leur tente à la fac de
lettres de Clermont-Ferrand »,
03/10/17
http://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/puy-de-dome/clermont-ferrand/migrants-installent-leur-tente--
France 3 Auvergne « Clermont-Ferrand : malgré des relogements, des
migrants campent toujours à la
faculté
de lettres », 09/10/17
http://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/puy-de-dome/clermont-ferrand/clermont-ferrand-malgre--
La Montagne « Les migrants de la place du 1er-Mai à
Clermont-Ferrand s'installent à la fac de lettres », le
03/10/17
http://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand/social/puy-de-dome/2017/10/03/les-migrants-de-la-place-du-1er-mai-a-clermont--
La Montagne « Clermont-Ferrand : quelques propositions de relogement
aux migrants de la fac de lettres » le 09/10/17
http://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand/social/puy-dedome/2017/10/09/clermont-ferrand-quelques-propositions--
La Montagne « Le campement des migrants de la fac de lettres de
Clermont-Ferrand de plus en plus organisé » le 11/10/17
http://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand/social/puy-de-dome/2017/10/11/le-campement-des-migrants-de-la-fac-de--
France Bleu « Clermont-Ferrand : les migrants de la fac de lettres
manifestent pour ne pas tomber dans
l'oubli
» le 06/10/17
https://www.francebleu.fr/infos/societe/clermont-ferrand-les-migrants-de-la-fac-de-lettres-manifestent-jusqu-a-la-prefecture
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