Donald
Trump a décidé de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État
d’Israël, et d’y déménager l’ambassade des États-Unis,
jusqu’alors située à Tel Aviv. Une décision hautement
symbolique, un encouragement adressé à Israël et à sa politique
coloniale.
Rupture
symbolique avec Clinton et Obama ?
Volonté
de satisfaire la très sioniste
droite
chrétienne évangélique ?
Contre-feu
allumé suite à l’inculpationde Michael Flynn,
son
ancien conseiller à la sécurité nationale,
dans
« l’affaire russe » ?
Il
y a du vrai dans chacune de ces explications. Mais c’est aussi la
vision du monde selon Trump : indépendamment des conséquences, il
décide tout seul, y compris contre ses alliés et ses conseillers.
Une
vision mystique de la politique qui se double de son habitude de
golden boy et de sa posture anti-establishment, d’un mépris pour
le réalisme qui prédominait dans la diplomatie US, qu’il assimile
à de l’indécision et donc à de la lâcheté.
Jérusalem
occupée, Jérusalem colonisée
La
décision de Trump ne va pas bouleverser la situation sur le terrain.
Jérusalem est en effet déjà occupée par Israël n’a jamais
respecté le droit international.
En
1968, soit un an après la conquête de la partie orientale de la
ville, la résolution 252 de l’ONU exigeait d’Israël
de « s’abstenir immédiatement de toutes nouvelles
actions qui tendent à modifier le statut de Jérusalem ».
En
1980, suite à l’annexion « officielle » de
Jérusalem-Est, la résolution 476, de cette même ONU,
évoquait « une violation du droit international ».
Cela
n’a pas empêché Israël de mettre en œuvre sa politique
coloniale. Les colonies se sont développées à grande vitesse (plus
de 200 000 colons aujourd’hui) tandis que les Palestinien-e-s
recevaient les permis de construire au compte-gouttes. Plus de 80 000
d’entre eux (sur 300 000) vivent aujourd’hui dans des logements
qu’Israël juge « illégaux » et sont sous la menace
d’un ordre de démolition.
Un
encouragement pour Israël
Les
discours sur la « mort du processus de paix » sont
hypocrites, car il n’y a jamais eu de processus de paix ! Mais
la satisfaction cynique des responsables israéliens et de leurs
soutiens montre qu’ils se sentent confortés dans leur impunité, à
l’instar de ceux qui demandent à Macron de suivre Trump… comme
le Crif, une organisation pro-Israël qui, s’est cru une fois de
plus autorisé à parler « au nom des juifs de France ».
Un
Macron dont les pathétiques déclarations, lorsqu’il a reçu
Netanyahou le 10 décembre, « invitant » le Premier
ministre israélien à faire « des gestes courageux envers les
Palestiniens », ne risquent pas de changer quoi que ce soit.
Rompre
l’isolement des Palestinien-e-s
Israël
va accentuer encore un peu plus son emprise sur Jérusalem et les
autres territoires palestiniens. Les Palestinien-e-s ont conscience
de la dégradation du rapport de forces et qu’ils ne peuvent
compter sur un soutien de la part des États arabes qui privilégient
un rapprochement avec Israël et les États-Unis.
Les
Palestinien-n-e-s sont isolés : l’urgence est donc à la
solidarité, à la construction de la campagne de boycott,
désinvestissement et sanctions (BDS) contre Israël. Il
faut aussi revendiquer la libération de Salah Hamouri,
militant franco-palestinien emprisonné pour ses activités
politiques.
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