Depuis
vendredi, l’Assemblée nationale discute du texte pompeusement
intitulé «
loi de protection de la nation »,
proposant d’inscrire dans la Constitution l’état d’urgence et
une disposition autorisant la déchéance de la nationalité
française «
pour un crime ou un délit constituant une atteinte grave à la vie
de la nation ».
Les
députés ont déjà adopté lundi l'article 1 qui permet désormais
au gouvernement de faire voter l'état d'urgence pour des périodes
de quatre mois sans limitation de durée dans le temps... Il n'y
avait que 20% de députés présents mais cela n'a pas empêché que
cette mesure liberticide soit adoptée par 103 votes pour, 26 contre
et 7 abstentions.
L’état
d’urgence, c’est le règne de l’arbitraire
Amnesty
international vient de publier un rapport qui confirme ce que l’on
peut observer depuis le début de l’état d’urgence : les
assignations à résidence et perquisitions en masse sont des
atteintes graves et discriminatoires orchestrées sans preuve
sérieuse.
En
s’appuyant sur une soixantaine de témoignages, le rapport montre
que les personnes perquisitionnées sans raison en ressortent
traumatisées et stigmatisées. Le gouvernement veut voir cet
arbitraire policier inscrit dans la Constitution.
Afin
de pouvoir utiliser ce dispositif comme bon lui semble, en
particulier contre les militants, comme on l’a vu lors de la COP 21
lorsque les manifestations ont été interdites et des écologistes
assignés à résidence.
Démagogie
sécuritaire et xénophobe
Concernant
la déchéance de nationalité, la référence explicite aux
binationaux a disparu du texte. Mais ceux-ci sont, dans les faits,
les seuls concernés par la déchéance de nationalité, puisque le
même texte précise que cette peine ne peut être prononcée «
si elle a pour résultat de rendre la personne condamnée apatride ».
Le gouvernement a trouvé ce tour de passe-passe sémantique pour
tenter de sortir de l’imbroglio politique qu’il avait lui-même
créé.
Annoncée
par Hollande lui-même après les attentats du 13 novembre, cette
mesure s’inscrit dans la panoplie sécuritaire mise en avant par le
gouvernement en reprenant ainsi à son compte une des mesures phares
du programme de Sarkozy et du Front national.
Elle
enrichit l’arsenal répressif à la disposition des gouvernements
pour réprimer, dans l’avenir, des personnes « mettant
en danger la vie de la nation »
expression suffisamment vague pour pouvoir s’appliquer largement.
Et
surtout, en désignant la partie de la population ayant des origines
étrangères, les binationaux, comme des terroristes potentiels et
comme des citoyens méritant un traitement particulier, cette mesure
contribue à alimenter le racisme et la xénophobie.
Ni
déchéance, ni Etat d'urgence !
Toutes
ces mesures racistes et liberticides, votées avec la complicité de
la droite et qui permettent à l'extrême droite de parader en force
dans les rues, comme à Calais ce week-end, sont autant de freins à
l'expression de la colère sociale.
A
l'heure où nous sommes de plus en plus nombreux-ses à manifester
pour la défense de nos libertés, à l'heure où de nombreuses
grèves et luttes contre l'état d'urgence sociale imposé par le
patronat ont lieu, il faut faire entendre le plus fort possible notre
opposition à ce gouvernement qui traque les sans-papiers, les
ouvriers, les syndicalistes, les écologistes, parce qu'il sert les
intérêts des riches et des puissants.
Il
est temps d'unir nos colères
et
de lutter tous ensemble
pour
montrer notre force.
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