Bulletin
du secteur éducation national
du
NPA daté de septembre 2018
La
première rentrée concoctée par Macron et Blanquer marque un cran
de plus dans la régression des conditions d'études des élèves et
de travail pour tous les personnels de l'éducation, de la maternelle
à l'université.
Pour
démarrer par ce qui est peut-être le plus emblématique des choix
gouvernementaux pour parachever la construction d'une école dévouée
à la sélection sociale et aux intérêts patronaux, il faut prendre
la mesure de la catastrophe « ParcourSup ».
Plus
de 170 000 jeunes ont quitté la plate-forme depuis sa mise en place
sans qu'on sache ce qu'il est advenu d'elles/d'eux (échec
au bac ? départ vers le privé ? renoncement aux études
supérieures ?... ) qui
s'ajoutent
aux dizaines de milliers qui ne se sont pas inscritEs sur ParcourSup,
en particulier dans les Lycées Professionnels.
Plus
de 50 000 étudiantEs n'ont reçu aucune proposition d'affectation à
quelques jours de la rentrée universitaire, environ 80 000 sont
encore dans l'espoir d'un vœu correspondant mieux à leur choix.
Comment
ces dizaines de milliers de jeunes vont-ils/elles pouvoir s’organiser
pour trouver un logement ?
Combien
se retrouveront in fine sans rien du tout ou placés comme des pions
n'importe où par défaut ?
La
plupart des établissements universitaires sont paralysés dans leur
fonctionnement puisqu’ils ignorent le nombre d’étudiant-e-s
qu’ils accueilleront à la rentrée.
On
ne connaît pas le résultat final de Parcoursup mais on sait d'ores
et déjà que le gouvernement a réussi à mettre en place la
sélection à l’université en réduisant le taux d’entrée dans
le supérieur.
Le
leitmotiv de ce gouvernement n'a rien d'exceptionnel, il est le même
que tous ceux qui l'ont précédé : faire des « économies »
sur le dos du service public afin de distribuer toujours plus
d'argent aux grands groupes capitalistes et à leurs actionnaires.
L'ensemble
des services publics les plus essentiels pour la population sont au
cœur de la cible et pas seulement l'éducation : la santé, le
logement, les transports, la culture...
Mais
avec « Cap
22 »
le gouvernement ne veut plus se contenter de supprimer des postes, ce
qu’il considère comme « une
politique du rabot ». Le
gouvernement vante désormais « un
travail de fond » et
assure « réfléchir
sans totem ni tabou à la transformation de l’action publique ».
C'est-à-dire
la destruction de la fonction publique et la casse du statut des
fonctionnaires.
Nous
voilà prévenuEs, avertis. A la lumière de tout ce que Macron a
réussi à mettre en œuvre depuis son arrivée au pouvoir
(ordonnances contre le Code du Travail, casse du statut des
cheminots, Parcoursup, rétablissement du jour de carence,...) il
faut bien se rendre compte d'une chose : nous
ne l'arrêterons que si nous nous mettons en lutte de manière
déterminée toutes et tous ensemble et en même temps !
Cela
veut dire, pour notre secteur professionnel, de la maternelle à
l'université. Il faut en finir avec les journées d'action séparées
par degrés, parfois mêmes entre profs de collège et de lycée,
éparpillées dans le temps et dans l'espace comme on les a connues
l'an dernier.
Car
c'est la même logique qui ronge les budgets et le fonctionnement de
l'école élémentaire, des collèges, des lycées généraux et
professionnels, des universités.
Il
faut aussi en finir avec toutes les « discussions »,
les « concertations »
menées par les organisations syndicales avec ce gouvernement.
Il
n'y a rien à négocier avec Macron et Blanquer.
La
journée de mobilisation interprofessionnelle du 9 octobre
devra être la plus réussie possible mais elle ne suffira pas.
Nous
sommes près d'un million de salariéEs dans l'Education, avec les
jeunes et leurs parents, nous représentons une force considérable.
Montrons
qu'elle existe
dès
cette rentrée 2018
pour
dire non à cette école capitaliste !
Un
inventaire à la Prévert
(et
sans doute incomplet) qui met en rage !
-
fermeture
des CIO
-
classes
de primaires accueillies dans des rez-de-chaussées d'immeubles
-
fin
programmée des lycées professionnels
-
disparition
de 2500 postes de stagiaires à cette rentrée
-
réduction
de moitié des contrats aidés, notamment pour l'accompagnement des
élèves handicapés
-
nouveaux
programmes autoritaires et réactionnaires
-
diminution
des heures d'enseignements en lycée et LP et appauvrissement de
leur contenu disciplinaire
-
fin
du baccalauréat comme diplôme à caractère national
-
explosion
des effectifs dans les classes de collèges....
-
fin
annoncée du système de retraites par répartition et du calcul des
pensions sur les 6 derniers mois de salaire
-
suppression
de milliers de postes en lycées et LP par la mise en oeuvre des
réformes du Bac et de la Voie Professionnelle
-
généraliser
la précarité et la contractualisation
-
modification
du recrutement et des affectations des personnels
CAP
2022 : en marche
vers
la destruction du statut
L’objectif
est de baisser la part de la dépense publique dans le produit
intérieur brut de 3 points d’ici à 2022. Au nom « de
la modernisation de l’État »,
le gouvernement, qui a pour objectif de se débarrasser de
120 000 fonctionnaires d’ici la fin du quinquennat, doit
taper fort et aller vite en marquant les esprits.
Parmi
les annonces de cet été, on trouve celle de la suppression des
commissions administratives paritaires. Cela aura notamment une
conséquence particulièrement inquiétante sur les mutations qui ne
seront plus examinées au moyen d’un barème connu de tous les
personnels.
À
la place, la recette est toute trouvée : la gestion par les
« managers
publics »,
et en particulier le recrutement direct par les chefs
d’établissement.
Le
ministère annonce en parallèle « développer
significativement les postes à profil ».
Cela entre dans la même logique : passer d’un système de
mutations réglées par un barème à une mobilité sur profil, avec
un recrutement direct avec CV et lettre de motivation, comme dans le
privé.
Dans
le même temps, le gouvernement annonce vouloir « revoir
la place du concours ».
Concrètement, il s’agit d’avancer l’épreuve d’admissibilité
au niveau licence, sans donner de précision sur les épreuves
d’admission.
L’objectif
semble être de faire évoluer le recrutement des enseignant-e-s du
modèle du concours vers le modèle de l’examen suivi d’un
recrutement direct par la hiérarchie immédiate.
Vers
une rémunération au mérite !
La
rémunération au mérite est un des volets de Cap 2022. Elle a
commencé à être déclinée pour les enseignantEs avec l’annonce
de la prime de 3000 euros en REP+.
Après
avoir saccagé la plupart des moyens alloués à l'éducation
prioritaire, c'est une ultime provocation car cette prime comprendra
une part fixe de 1000 euros et une part modulable liée aux résultats
des élèves !
Alors
que les évaluations nationales de début CP, mi-CP, début 6e et
début de 2nde générale ont été ou sont en passe d’être mises
en place.
Et
« pour
assurer une évaluation régulière et transparente des
établissements scolaires, une instance d’évaluation sera créée
par voie législative au 1er trimestre 2019 ».
Quel
meilleur moyen pour déterminer le « mérite »
des enseignant-e-s que les notes de leurs élèves ?
Cette
rémunération au mérite va de pair avec un recul salarial pour les
personnels de l’éducation. Le retour du gel du point d’indice et
du jour de carences, déjà mis en œuvre, s’accompagne de la seule
promesse du recours accru aux heures supplémentaires, exonérées
qui plus est des cotisations salariales. Bref,
tout simplement une baisse du salaire réel.