Communiqué
de presse du NPA Jeunes
Ce
lundi 30 octobre, le premier ministre et les ministres de l’Éducation
Nationale et de l’Enseignement Supérieur ont présenté leur «
plan étudiants » en donnant les principaux éléments des
réformes concernant l’Enseignement Supérieur, et notamment
l’accès à l’université.
Toutes
les annonces faites pour le gouvernement sont des reculs sociaux pour
les étudiants, au service d’une université qui est de plus en
plus taillée sur mesure pour les besoins du patronat et qui cherche
à exclure de plus en plus les classes populaires des universités.
Depuis
des années, le gouvernement a bien installé les conditions de la
destruction d’une université qui se voulait « ouverte à tous
» (dans les textes au moins), en réduisant les budgets des
universités tandis que le nombre d’étudiants augmentait
inexorablement :
entre
2009 et 2017, alors que le nombre d’étudiants a augmenté de 235
000, les budgets se sont réduits de 660 millions d’euros.
La
dégradation des conditions d'études s'est accentuée avec les lois
LRU et Fioraso. Évidemment, face au manque de moyens et de places,
le gouvernement a instauré le pire des systèmes, le tirage au sort.
Ce tirage au sort, qui a empêché cette année 3000 étudiants
bacheliers d’entrer dans l’enseignement supérieur, est agité
par le gouvernement comme un prétexte pour imposer une sélection à
l’université, et de détruire l’accès à l’enseignement
supérieur. Frédérique Vidal l’a ainsi présenté : « on a
veut passer du supérieur pour tous à la réussite dans le supérieur
pour chacun », ou comment expliquer qu’on veut arrêter de
faire des études un droit, et qu’on doit ériger la concurrence en
devoir.
Quelles
sont les pistes évoquées
par
le gouvernement ?
L’idée
principale est de faire passer la sélection en licence via des «
attendus », fixés filière par filière. Ces « attendus »,
qui ne sont d’autres que des prérequis, et une forme réelle de
sélection, pourront être d’ordre divers : notes, type de bac,
motivation des lycéens, activités extra-scolaires, ainsi que les
avis du conseil de classe.
Si
le lycéen n’a pas les prérequis nécessaires, les universités
pourront l’obliger à suivre certains modules en plus, ou bien des
stages d’été, voir parfois une année entière de mise à niveau.
Par
exemple, si vous êtes en bac professionnel, impossible d’aller
directement dans une licence de sciences sociales, il faudra vous «
mettre à niveau ».
Par
ailleurs, les universités auront le pouvoir de refuser simplement
les étudiants, « à conditions qu’il n’y ait pas assez de
place dans la filière ». Quand on sait le nombre de licences
surchargées, on voit que cela équivaut à instaurer une sélection
pratiquement partout, en veillant à laisser toutes les formations
sous pressions pour qu’elles puissent effectuer une sélection.
Par
ailleurs, pour sélectionner les étudiants, les universités auront
maintenant à leur disposition les avis des conseils de classe de
tous les élèves via, des « fiches avenirs » concoctées
aux conseils de classe du premier et deuxième trimestre de
terminale.
Ces
fiches avenirs seront un bon moyen de rompre l’égalité qu’il y
avait auparavant, quand le BAC signifiait une autorisation d’accès
à l’enseignement supérieur : cela est fini.
Le
gouvernement souhaite aussi instaurer un « contrat de réussite
pédagogique » entre les étudiants et leurs professeurs à
l’université. Ce contrat va agir sur les étudiants comme un
couperet sur leur nuque durant toute leur scolarité, d’autant plus
pour les boursiers.
En
effet, ce contrat devrait signifier qu’il ne suffit plus d’avoir
la moyenne aux partiels pour « réussir », mais qu’une
équipe pédagogique pourrait écrémer ses promotions chaque année,
en enlevant les « moins bons éléments ».
Par
ailleurs, le gouvernement souhaite « garantir » les bourses
sur ce contrat de réussite. Que cela veut-il dire ? Il ne suffira
plus d’être assidu à ses cours pour obtenir le maintien de sa
bourse ; il faudra aussi « réussir ». Un redoublement
équivaudra-t-il à un retrait de la bourse ?
Cette
perspective montre l’étendue et la gravité des attaques contre la
jeunesse.
De
plus, la réforme prévoit la possibilité de valider sa Licence
entre 2 et 4 ans. C'est la mise en place d'une Licence à plusieurs
vitesses. Certains étudiants auront les capacités sûrement pour
valider les 180 ECTS, nécessaires pour une licence, en 2 ans. Mais
quand on sait que plus de 50% des étudiants doivent se salarier
pendant leurs études, et que les conditions d'études sont
totalement différentes selon les universités, un grand nom d'entre
eux seront de fait obligé de prendre plus de temps pour valider.
Et
à la clé, c'est une hiérarchisation des diplômes, et une casse de
leur valeur, qui se profile.
Par
ailleurs, les annonces concernant la « lutte contre la précarité
» sont au mieux ridicules, au pire inquiétantes. En effet, en
guise de « progrès » pour les étudiants, le gouvernement a
dit vouloir s’engager à ce que les bourses soient payées en temps
et en heures, comme si cela ne devrait pas être déjà le cas !
Par
ailleurs, il a été annoncé une réflexion sur une « aide globale
d’autonomie ». Dans le rapport Filâtre, l’idée était aussi
évoquée de fusionner les Bourses sur critères sociaux et les APL ;
cette proposition ne permettra que de retirer les bourses à certains
étudiants, ce qui est inacceptable.
Pour
toutes ces raisons, le NPA-Jeunes dénonce ce « plan
étudiants », présenté comme une grande avancée pour les 2,5
millions d’étudiants sur le territoire.
Sur
tous ses aspects, ce sont des reculs pour tous les étudiant-e-s,
qu’ils soient à la fac, en BTS, en IUT, ou même dans les écoles
d’ingénieur ou d’économie.
Ce
« plan étudiants », est la suite logique des réformes
entamées dans les années 2000 avec le processus de Bologne, et qui
n’ont fait que renforcer la concurrence entre les universités,
avec l’instauration de « facs d’élites » et de l’autre
côté des « facs poubelles ».
Pendant
que tout le Code du travail est minutieusement détruit avec les
ordonnances, et que le gouvernement s’attaque à l’assurance
chômage, le NPA-Jeunes cherchera à construire, sur toutes
les universités et les lycées où il est présent, en collaboration
avec toutes les organisations de jeunesses, une mobilisation qui doit
être massive contre ces propositions gouvernementale.
La
jeunesse, qui est la première touchée par la précarité, le
chômage, et la casse des universités, doit aujourd’hui reprendre
le chemin de la rue.
Dès
le 16 novembre, partout ou c'est possible, le NPA Jeunes
appelle a la constitution d'assemblées générales étudiantes et
lycéennes contre ces réformes, et appelle à rejoindre les
manifestations organisées contre les réformes du code du travail.