article
de J.C LAVIGNE publié dans l'anticapitaliste hebdo du 7 janvier 2016
Faute
de médecins ou d’établissements de santé proches, l’accès aux
soins devient problématique sur des territoires de plus en plus
étendus, les « déserts
médicaux »,
en secteur rural, mais aussi en banlieue.
Selon
le gouvernement, 2 millions de personnes (plus de 3 millions selon le
magazine Que choisir ?) sont concernées et les inégalités entre
les territoires augmentent.
Hollande
en avait fait une de ses « priorités » que Marisol
Touraine a traduite dans un « pacte territoire santé »
dont le deuxième phase a été présentée fin novembre.
Mais
faute de s’attaquer aux causes,
les
remèdes de la ministre restent dérisoires.
L’exercice
médical libéral en cause....
La
création de la Sécurité sociale en 1945 ne s’est pas accompagnée
de la création d’un service santé de proximité public et
gratuit. Le service public reste pour l’essentiel cantonné à
l’hôpital.
La
plupart des soins courants pratiqués « en
ville »
sont le fait des médecins libéraux généralistes et spécialistes,
et des professionnels libéraux rémunérés pour l’essentiel à
l’acte.
L’un
des piliers de la médecine libérale est la « liberté
d’installation » :
la possibilité d’exercer non là ou il y a des besoins, mais là
où le praticien le souhaite, pour des raisons personnelles
(conditions de vie et d’exercice).
Conséquence
de cette liberté : une répartition très inégalitaire des
médecins libéraux, généralistes ou spécialistes(1)
sur le territoire.
Ainsi
, toutes spécialités confondues, il y a 378 médecins pour 100 000
habitants dans les Alpes-Maritimes, et 167 dans le département de
l’Eure. On compte 97,9 généralistes pour la même population dans
le Val-de-Marne, alors qu’on en trouve 197,2(2)
à Paris.
Dans
les deux cas, c’est un rapport de plus de 1 à 2, et les disparités
au sein de ces territoires sont encore plus grandes.
La
situation s’aggrave du fait du vieillissement du corps médical,
des départs, et du manque d’attrait d’une médecine générale
en crise.
… aggravé
par la disparition du service public de proximité
La
désertification est aussi la conséquence de la disparition
organisée par les politiques d’austérité de l’hôpital public,
dont les services urgences permettent à chacun d’accéder
rapidement à des soins.
Le
choix fait par ce gouvernement est de poursuivre la fermeture des
hôpitaux de proximité, en particulier de leurs urgences.
Le
rapport Grall paru en juillet dernier prévoit
la suppression de 67 des 650 services d’urgence encore ouverts,
soit plus de un sur dix, très souvent dans des secteurs déjà
« désertifiés »...
Touraine,
un emplâtre sur une jambe de bois
Dès
lors, les mesures avancées dans son plan apparaissent dérisoires
face à la gravité du mal. Faute de maintenir les services
d’urgence, la promesse de Hollande – « aucun Français
ne doit se trouver à plus de 30 minutes de soins d’urgence »–
se traduit par le déploiement d’ici 2017 de 700 médecins
« correspondants du Samu » !
Faute
d’un service public de santé de proximité (centres de santé), la
ministre a proposé – sans grand succès – de garantir
un revenu annuel de 55 000 euros aux médecins qui
acceptent de s’installer dans les « déserts médicaux »,
et la loi Touraine prévoit de mieux coordonner les professionnels
libéraux dans des « communautés professionnelles
territoriales de santé ».
Un
emplâtre sur une jambe de bois, les seules réponses ne pouvant se
trouver que dans une remise en cause de la médecine libérale à
l’acte et dans l’attribution des moyens nécessaires au
développement d’un service public de santé, à l’hôpital et
dans la cité (centres de santé publics et gratuits).
(1)
De plus, les
spécialistes pratiquent très souvent des dépassements d’honoraires
dissuasifs.
(2)
Source :
site du Conseil de l’Ordre des médecins,
http ://demographie.medecin.fr/demographi
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